mardi 27 juin 2006

Plaisir solitaire


Face à mon vin, je n’ai pas vu le crépuscule s’installer
Les fleurs en tombant ont rempli mes vêtements
Ivre, je me lève, je fais un pas vers la lune dans le ruisseau
Les oiseaux sont loin, les hommes aussi sont peu nombreux

Li Bai, dit la légende, s’est un jour noyé dans le reflet de la lune, au cours d’une promenade en barque, alors qu’il était ivre….

Je crois qu’il aurait aimé un bon plat de boeuf brocoli à la sauce d’huître, pour accompagner son vin:



  • 200g de boeuf, filet ou rumsteack
  • 500g de brocoli chinois
  • 4 cs d'huile d'arachide
  • 4 fines tranches de gingembre, pelées
  • 1/3 cc de sel
  • 1/3 cc de sucre
  • 2 gousses d'ail pelées, coupées en tranches fines
  • 2 oignons verts, coupés en morceaux de 2 cm, blanc et vert séparés
  • 1/2 cs de vin de Shaohsing

Marinade
  • 1/3 cc de sel
  • 1/3 cc de sucre
  • 1 cc de sauce soja douce (épaisse)
  • 4 tours de moulin à poivre
  • 1 cc de vin de Shaohsing
  • 1/2 cc de fécule de pomme de terre
  • 1 cs d'eau
  • 1 cc d'huile d'arachide

Sauce
  • 3/4 cc de fécule de pomme de terre
  • 5 cs d'eau
  • 1 1/2 cs de sauce d'huître
  • 1/2 cs de sauce soja douce
Couper le morceau de boeuf en tranches très fines, dans le sens contraire des fibres de la viande. Préparer la marinade avec tous les ingrédients sauf l'huile. Verser les tranches de viande dans la marinade et laisser reposer 30 minutes, puis ajouter l'huile et mélanger.

Couper le brocoli chinois en morceaux longs d'environ 5 cm, en diagonale.

Faire chauffer le wok. Quand il est chaud, ajouter 2 cs d'huile et faire tourner le wok pour bien la répartir. Ajouter le gingembre, touiller, puis les brocoli. Les saisir rapidement pendant 1 minute puis ajouter le sel et le sucre. Ajouter l'eau, baisser le feu, couvrir, puis laisser cuire pendant environ 10 minutes, jusqu'à ce que les brocoli soient tendres mais encore croquants. Les égoutter et les réserver au chaud.

Nettoyer le wok. Le faire de nouveau chauffer jusqu'à ce qu'il fume légèrement. Ajouter l'huile et la répartir en tournant. Ajouter l'ail, mélanger, puis le blanc de l'oignon. Ajouter le boeuf et et le faire sauter environ 30 secondes pour qu'il brunisse. Verser le vin sur le bord du wok et mélanger 30 secondes. Ajouter la sauce bien mélangée. Continuer à faire sauter en remuant jusqu'à ce que la sauce épaississe (environ 1 minute). Ajouter le vert de l'oignon et verser sur les brocoli réservés.

Servir immédiatement avec du riz blanc.

Recette tirée d'une bible de la cuisine chinoise, Yan Kit's Classic Chinese Cookbook, toujours édité et absolument indispensable (malheureusement pas traduit en français).

Je sais que ça parait un peu compliqué, mais en fait c'est très simple. Il faut préparer tous les ingrédients à l'avance, et bien lire la recette avant de se lancer, tout devant être fait en une succession très rapide (c'est assez difficile de faire de la cuisine chinoise le livre sous les yeux).

samedi 24 juin 2006

Des fois j'en ai marre!



Vous faites quoi vous le samedi soir, quand vous vous retrouvez seule à la maison avec les gosses, dont le fils des voisins partis à un festival punk (c'est moi qui l'ai proposé, et il est sympa le petit) et six chats dont cinq chatons qui font des bêtises, l'Homme parti vers ses activités associatives diverses et variées, le frigo vide pour cause de non-courses pour cause de kermesse de l'école toute la journée, les lessives à faire d'urgence pour préparer le départ du petit en stage de cheval, et le lendemain dimanche qui ne s'annonce pas mieux?

Moi je fais des pâtes aux saucisses:

  • 2 saucisses de Toulouse
  • 1 cs d'huile d'olive
  • 1 verre de vin blanc sec
  • 1 grand verre d'eau
  • poivre
  • 1 branche de thym
  • 1 peu de romarin
  • 1 feuille de laurier
  • 400g de spaghetti
  • 3 cs de concentré de tomates
  • parmesan rapé

Faire chauffer l'huile d'olive dans un faitout. Ouvrir les saucisses de Toulouse et récupérer la chair. La faire revenir à feu moyen dans l'huile jusqu'à ce qu'elle soit dorée. Mouiller avec le vin blanc, laisser évaporer 1 minute. Rajouter l'eau, le poivre, le concentré de tomates, le thym, le romarin, le laurier et laisser mijoter à feu doux une demi-heure. Si la sauce devient trop dense, ajouter un peu d'eau. Pendant ce temps, faire chauffer l'eau, cuire les spaghettis al dente et les mélanger à la sauce. Servir de suite avec du parmesan.

On peux rajouter du piment, mais là c'était pour les enfants.

Bon, après ça, ça va tout de suite mieux! Vous m'excuserez, pas de visite de blogs pour moi ce soir, je m'en vais me coucher avec "The Gastronomical me" de MFK Fisher, c'est excellent pour la santé!


jeudi 22 juin 2006

Meme Cuisine et Dépendances



Notre amie Leeloo a lancé il y a quelques temps ce questionnaire parfumé. J’ai eu un peu de mal, il fallait faire des choix..Enfin le voici, et je passe la suite à Hélène de Chez Becky & Liz, à Thalie, qui n’a plus de questionnaire en retard et à Lilo de Cuisine Campagne, joli blog déjà très parfumé.

CUISINE ET DEPENDANCES ... Parfum et cuisine sont liés :

1. Quel est votre parfum ou eau de toilette ?

Shalimar, depuis des années, j’aime bien les parfums capiteux (en petite quantité).

2. Quelle odeur de cuisine préfériez-vous quand vous étiez enfant ?

Sûrement l’odeur du poulet rôti du dimanche qui caramélisait doucement dans son plat. Un peu plus tard, l’odeur de la ventrèche frite dans la poêle avec des oeufs bien frais.

3. Quelle odeur évoque pour vous l'été ? Et l'hiver ? Et l'automne ? Et le printemps ?

L’été c’est l’odeur du foin tout juste coupé et ramassé en andins dans les montagnes basques, l’automne l’odeur de mousse et de terre de la récolte de cèpes étalée sur la table de la cuisine, l’hiver celle du feu de bois qui fume un peu dans la cheminée, le printemps, l’odeur de la mer et des embruns.

4. Si la blogosphère avait saveur et odeur ... Votre blog favori : quel(le) est selon vous son goût et/ou son odeur ?

Je ne sais pas faire de choix, tous les blogs ont une odeur, a fortiori les blog culinaires. Ils sentent tous très bons, certains sont plus caractéristiques que d’autres: chez Leeloo c’est la sauge sur le balcon, chez Christine l’odeur du thé au samovar, chez Elvira une odeur de pinèdes et de brochettes grillées au barbecue, chez Anne Papilles l’odeur du pain et des hortensias sur la terrasse, chez Dorian ça sent les épices, je me souviens encore de l’odeur qui a embaumé toute ma maison le jour où j’ai essayé sa salade de fruit au sirop d’épices, chez Tarzile la lavande bien sûr, chez Fleur de sel ça sent la mer, chez Cathy le clafouti, chez Véro Saveurs Sucrées les confitures et les liqueurs, chez Véro Cuisine Métisse encore, les épices, chez Lilizen les herbes aromatiques fraîches, chez Mijo le frais à l’ombre et les apéros dans le jardin (mais si ça a une odeur les apéros), chez JP les sauges, les orchidées, les bougainvilliers. Je pourrais continuer comme ça des heures, je vous le dis, ils ont tous une odeur, allez donc renifler l’écran pour voir.

5. Quelle est votre épice parfumée favorite ?

Mais pourquoi faut-il donc choisir? Bon d’accord, alors deux, celles que j’utilise le plus, le poivre (nottamment le poivre du sichuan) et le piment d’espelette, j’en mets partout.

6. Quelle est votre aromate parfumée favorite ?

Non, cette fois-ci je refuse de choisir. Je citerai ceux que j’utilise le plus et que nous avons plantés au jardin pour les avoir sous la main. D’abord le thym, le romarin et le laurier, puis l’estragon, la menthe, la sauge, le fenouil, le basilic, la coriandre, et la collection s’agrandit avec le thym citron et la citronnelle que j’ai reçus en cadeau.

7. Bientôt plus de pétrole pour nos voitures ... rouler au colza et sentir la frite ? Vous, vous préféreriez rouler à quel carburant et laisser quelles effluves parfumées ?

On pourrait essayer les huiles essentielles, ça me dirait bien une voiture parfumée à la bergamote. En fait non, je préférerais que ça ne sente rien du tout.

8. Quelle est pour vous l'odeur de rêve d'une maison ?

L’encaustique, l’odeur enivrante du bois fraîchement ciré.

9. Quelle odeur de bois aimez-vous ?

Le cèdre.

10. Que ne pouvez-vous pas sentir ?

L’odeur des tuyaux d’évacuation.

dimanche 18 juin 2006

Clin d'oeil



Massimo avait passé une nuit exécrable. Il faisait chaud cette nuit là, le ronronnement du ventilateur au plafond, qui ne remuait que de l’air chaud, l’avait empêché de dormir une partie de la nuit. Puis les voisins, qui s’engueulaient, comme d’habitude, le bébé hurlait. Il s’était assoupi au petit matin, pour être réveillé par le chat qui voulait sortir – mais pourquoi est-ce qu’on s’oblige à vivre avec ces bestioles ? – puis par les marchands qui commençaient à déballer à l’aube, installant les stands du marché aux puces de Porta Portese. Là encore, qu’est-ce qui avait bien pu le pousser à choisir un appartement situé au cœur du marché aux puces ? Sûrement, il avait dû le visiter un jour de semaine.

Et puis le téléphone, insistant. Le crime avait eu lieu dans un de ces appartements huppés, en terrasse, adossé aux pentes du Gianicolo. La police scientifique était déjà sur les lieux. De là haut, sûrement, on devait voir jusqu’à l’Aventin. Peut-être même jusqu’au petit jardin d’orangers à côté de Santa Sabina. Il devait faire bon là-bas, ce matin.

Mais pour Massimo le dimanche était foutu. Dire qu’il aurait pu être à Fregene, comme tout le monde, à écouter le match à la radio en regardant les filles se balader en se tenant par la main sur la plage. Non, il fallait y aller.

Dehors, sur le Viale Trastevere, tout le monde marchait d’un seul côté, à l’ombre des platanes immenses. Il passa à côté du petit restaurant de quartier, les tables sous la tonnelle désertes à cette heure matinale. Par la fenêtre, on apercevait la grande fresque du Vésuve en éruption, dans la salle. Le menu du jour annonçait des Saltimbocca a la romana, accompagnées d’un contorno d’épinards juste tombés à l’huile d’olive et aux échalottes. Il décida de repasser par là pour le déjeuner.

Saltimbocca a la Romana
(ou sautes-en-bouches à la Romaine)

  • 300g de médaillons de veau
  • 80g de jambon de Parme dégraissé (coupé en tranche très fines, ou « sottile », subtiles, comme disent les italiens, y a-t-il au monde une langue plus belle ?)
  • 24 feuilles de sauge
  • 20g de beurre
  • Huile d’olive
  • Sel
  • Poivre
  • Bâtonnets
  • 1 dl de marsala

Compter 6 tranches de veau très fines par personne et une tranche de jambon par saltimbocca. Découper les tranches de jambon à la taille des saltimbocca. Fariner les médaillons et les saisir rapidement de chaque côté, dans le beurre et l’huile. Poivrer. Disposer une feuille de sauge sur chaque tranche, puis une tranche de jambon, et maintenir à l’aide des bâtonnets.
Dans la même poêle, saisir de nouveau les saltimbocca de chaque côté 1 mn. Saler peu et ajouter le marsala. Laisser évaporer 1 mn et servir immédiatement les saltimbocca nappés de sauce.

Recette tirée de "Cuisine Toscana a Villa Gamberaia" de Camilla Zalum, Ed. Noêsis, un de mes bouquins préférés.


mardi 13 juin 2006

Bradford- West Yorkshire - England

Seekh Kebab

La campagne tout autour est sauvage et romantique. Les petites routes à peine larges pour une voiture et demie serpentent sur les collines vert pâle, entre des murets de pierre sèche, sous le ciel gris plombé. La vieille Ami 8 verte a du mal un peu, dans les côtes, mais elle est confortable et équipée d’une excellente stéréo: Cocteau Twins, Joy Division, Dead Can Dance, ça va bien avec le paysage. C’est le pays des soeurs Brontë, arrêt à Haworth, petite balade dans le cimetière autour de l’église, il pleut. Plus loin, la route monte vers les moors, paysage désolé sous un ciel tourmenté.


Il y a un Country Pub au tournant, chaleureux, la bitter locale est âcre et bienfaisante, sa mousse veloutée, on s’assoupit dans un coin en se laissant bercer par la musique sourde des conversations au bar. Ca y est, j’ai déconnecté, je ne comprends plus rien. Je ne dirai jamais à quel point j’ai aimé, j’aime l’Angleterre.

Il faut rentrer à Bradford. La première fois ça fait un choc. Il n’y a pas pays plus exotique en Europe que l’Angleterre. La ville étale sur ses collines rangées après rangées de petites maisons de pierres jaunes noircies, héritage d’un passé industriel révolu. Le centre conserve ses grands bâtiments de pierre aux ferronneries baroques, mais les trottoirs sont craquelés, les rues sales, les fish&chips shops peu attirantes. Pourtant nous revenons toujours, nos amis d’ici sont généreux, un peu fous,avec un sens de l’humour extraordinaire.

Et puis il y a les curry. Cette ville gris-jaune et craquelée est peuplée de Pakistanais. Les saris rose fuschia, bleu vif ou vert illuminent les rues tristes. Ici c’est la plus grande ville pakistanaise en dehors du Pakistan, elle compte sept mosquées et autant de supermarchés indiens, des vraies cavernes d’Ali Baba, les boites d’épices s’étageant jusqu’au plafond. Et des restaurants indiens, plein, que ça. La tradition du coin, c’est le curry d’après pub, histoire d’écluser les pintes en surnombre, sous l’oeil amusé des serveurs Pakistanais, qui ne boivent pas, eux. Et il n’y a rien de tel qu’un petit seekh kebab, des samoussas et un hot madras pour éliminer la bière. Et c’est du vrai, du piquant, du fort, ça demande des années pour acclimater l’estomac. J’en connais un qui a voulu essayer un chicken vindaloo une fois, j’ai cru qu’il allait se dissoudre tellement il transpirait à grosses gouttes. Mais il a fini son assiette, sous l’oeil effaré du serveur…qui l’a reconnu, deux ans plus tard: ”Ah, vous êtes celui qui a mangé un vindaloo!” Grand sourire!

Bon, tout ça m’a donné faim. Ca vous dirait quelques seekh kebab? Avec une petite sauce à la menthe? Je ferai une salade verte avec de l’oignon, des tomates et de la coriandre pour aller avec ça. Et puis quelques cheese nans, et un bon mango lassi. Vous restez?

La recette des nans au fromage vient de chez Manue. J’ai juste remplacé le beurre par la même quantité de ghee (beurre clarifié indien). Ils sont excellents, nous nous sommes régalés, mais il leur manque un petit quelque chose pour être tout à fait authentiques. Peut-être les indiens utilisent-ils une farine différente.

La recette du Mango Lassi est en provenance directe de la Station Gourmande, les mangues viennent du quartier indien de Paris, et arrivent en direct du Pakistan (ça fait longtemps que je n'en avais pas mangé d'aussi bonnes). J’ai utilisé un yaourt onctueux à la noix de coco (Perle de lait), et ce n’était pas mal ma foi.

Quant aux Seekh Kebab :

  • 700g de viande d'agneau hachée
  • 2 cs de ghee (beurre clarifié indien)
  • 2 cs d'épices à Seekh Kebab*
* la boite ci-dessus vient du Pakistan via l'Angleterre, mais je suis sûre qu'on en trouve dans toutes les bonnes épiceries indiennes. C'est un mélange de piments rouges, coriandre, graines de cumin, graines de carvi, poivre, clous de girofle, bergamotte, cardamome, feuilles de laurier, ail en poudre, gingembre en poudre, papain (?), poudre de mangue, feuilles de fenugrec et sel, sans conservateurs ni colorants. On doit pouvoir faire le mélange soi-même, mais si on peut l'acheter tout fait...
Les instructions conseillent de mettre le sachet entier, plus des piments verts frais émincés. J'ai essayé une fois, je n'ai jamais pu les manger.

Mélanger tous les ingrédients. Laisser au frais environ 3 heures. Former des saucisses et les enfiler sur des brochettes. Cuire sous le grill du four, ou sur barbecue à feu doux jusqu'à ce qu'elles colorent. La cuisson au barbecue est délicate, les kebab ont tendance à se défaire, mais c'est quand même bien meilleur. Donc, à confier à un spécialiste.

Accompagner d'une sauce à la menthe, faite de deux cs de menthe hachée mixée avec un yaourt nature oncteux, sel et 1/2 cc de garam massala.

vendredi 9 juin 2006

Food Blog meme et Moussaka



Dans un très lointain passé (il y a au moins 4 mois) Elvira m’a transmis ce Food Blog Meme, le premier d’une longue liste de choses bloguesques à faire et toujours reportées (Meme, Index, Catégories, Liens à organiser, etc…). Pourtant j’aime bien lire ce que les autres font de ces questionnaires, mais c’est comme les devoirs à faire, on a toujours envie de finir sa partie de Playstation avant. Bon, cette fois-ci, je m’y colle.

Comment avez vous découvert les blogs culinaires?

Au début, il y a très très longtemps (2 ans, plus?), c’était un mot nouveau, ma voisine avait un blog, La vache qui lit. Ce n’est pas resté un mot nouveau très lontemps. En sautant de liens en liens je suis tombée assez vite sur Chocolate & Zuchini, puis sur Chez Pim et sa fantastique liste de liens. Et là, oubliés les blogs littéraires, philosophiques, politiques et poétiques, j’avais découvert les food-blogs. Une vraie mine. Je suis allée voyager très loin, au Vietnam, en Australie, à Singapour, a Friday Harbor dans la Baie de Seattle. Je ne pouvais plus m’arrêter. Et puis un jour Clotilde a publié son premier lien francophone, C’est moi qui l’ai fait, et les blogs culinaires ont commencé à faire leur apparition, Martine, Nawal, Cléa, Réquia, Aude, Estelle, Mijo, Véro, Gloria, Anne, Elvira, et j’en oublie sûrement qui sont apparus au fur et à mesure, et je ne sais plus dans quel ordre, au tout début de l’histoire.

Quel blog vous a le plus inspiré au début de votre aventure? Celui qui vous a permis de dire “Moi aussi, j’ai envie”?

Ils sont plusieurs sur la liste. Pour diverses raisons. A force d’en lire, j’ai fini par me faire une bonne idée de ce que j’aimais dans un blog culinaire: les recettes bien sûr, les photos, mais surtout le texte, le sens de l’humour et la convivialité. Ceux qui s’en rapprochent le plus sont pour moi Anthony de Spiceblog et Mrs. D de Belly Timber. Bien sûr, réunir tous ces éléments ensemble est presque impossible, et c’est pour cela que mes sources d’inspirations sont diverses. Parmi les francophones, d’abord Elvira de la Tasca et Anne de Papilles et Pupilles, pour la qualité de leurs publications et de leurs recettes, Véro de Saveurs Sucrées Salées pour l’inventivité, Mijo pour le sourire, Lilizen et Tarzile pour la poésie.
Et puis sont venus Emi Taya de Fleur de Sel, qui me manque toujours, et Dorian qui nous racontait ça, et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire.

Pourquoi vous êtes vous lancée dans l’aventure?

Pendant deux ans j’ai lu, sans commenter au début, avec des envies grandissantes de participer, de jouer moi aussi. Mais comment faire entre les enfants, le boulot, la maison, les transports en commun? Pourtant je prenais des photos, j’avais trouvé le nom de mon blog, je commencais à commenter partout.
Et puis à Noël, j’ai reçu des e-cartes de voeux de la plupart des blogs sur lesquels je commentais, quelques unes avec des petits mots personnels, et j’ai été très touchée, nottamment par celui de Mijo qui disait à peu près “Et pourquoi pas un blog pour l’année prochaine?”. A la même époque, Dorian m'encourageait à squatter ses commentaires, c'est là que j'ai commencé à écrire.
J’ai réalisé aussi que je ne pouvais pas demeurer une éternelle commentatrice sans blog fixe, qui prend chez les autres mais ne donne jamais ce qu’elle a. Tout est une histoire de partage.
Alors voilà, on est l’année prochaine. Au passage un grand merci à mon informaticien (et photographe) de mari, sans lequel je ne me serais jamais lancée dans l’aventure.

Comment et pourquoi avez vous choisi ce nom pour votre blog?

Parce que j’habite à la campagne et que je cuisine surtout le dimanche.

Petit bilan personnel: ce que le blog vous apporte, etc…

Tout d’abord une fenêtre ouverte sur l’extérieur, un dérivatif, une déconnection par rapport au quotidien.
Une foule de nouveaux contacts, de copains virtuels, de petites émotions et de sourires électroniques.
Un enrichissement perpétuel de ma façon de cuisiner au travers des recettes et techniques des autres (je suis ravie de pouvoir dire à mes gosses que ce soir on mange portugais, que la recette vient de chez Elvira), la découverte de certains ingrédients, le début de “l’apprentissage” de la fabrication du pain (merci Anne Papilles et Sandra du Pétrin).
La découverte du plaisir de l'écriture. Le travail sur le texte et les mots, à mon petit niveau, m’amuse et me fascine.
Enfin la rencontre, au travers de cette fenêtre virtuelle, de personnages dont la réalité m’enchante.

Comme il est de tradition, je passe le flambeau à Cathy, il me semble qu’elle ne l’a pas eu.

Et pour finir, une photo d’une petite moussaka façon Tasca da Elvira, qui nous a bien plu.

lundi 5 juin 2006

Reliefs

Vous voulez voir à quoi ressemble la cuisine d’une blogueuse désorganisée après le passage d’autres blogueurs ? Vous voulez connaître l’envers du décor ? Et bien c’est ça :



Ca avait plutôt mal commencé. Levée aux aurores, j’étais toujours en pyjama à midi, en train de cuisiner, l’homme parti, les enfants en pyjama, la table pas mise, les invités arrivant à 13 :00, et une brume tenace qui s’accrochait sur la campagne, compromettant sérieusement le repas champêtre.
Et puis, le brouillard s’est levé, les enfants se sont habillés, l’homme est rentré allumer le barbecue. Je n’étais pas prête – si, je m’étais habillée – mais qu’importe. Je comptais sur l’ouverture d’esprit de mes invités. Qu’ils ont eue.
Dorian et Véro sont arrivés, les bras chargés de cadeaux et de délices gourmands, leurs conjoints et leurs enfants prêts à partager les lubies de leurs parents. Charmants tous ces enfants. Je sais, on ne juge pas les enfants sur leurs performances à l’extérieur, mais quand même ! Quant aux conjoints, quelle patience !
C’est très étrange, quand on y pense, d’organiser une rencontre de gens qui ne se sont jamais vus ni parlé, qui ont derrière eux une tonne d’expériences inconnues, et qui n’ont entre eux qu’un seul lien commun : un blog culinaire. Ca peut coller, ou non…Je crois que la sauce à pris. Suffisamment en tous cas pour qu’on ait envie de se revoir, de partager un peu plus, de refaire la cuisine ensemble.

Nous n’avons pas pris de photos, allez savoir pourquoi…Vous n’aurez donc la photo que des reliefs du festin. Mais quels reliefs !



En vrac, la terrine de veau de Véro, accompagnée d’un confit d’oignons roses et de poivrons confits à l’aigre-doux, le halwa et la salade d’orange à la menthe de Dorian, le gâteau au chocolat de Marie, le jambon Cerrano tranché le matin même par ma maman, mes supli, les caramels de Véro, ma pizza bianca au romarin.
Nous avons oublié de photographier les cookies au beurre de cacahouètes et la liqueur de Véro, les salades de poivron, les aubergines confites, la salade de courgettes à la menthe, le gigot rôti au barbecue, les fromages. Et non, il n’y avait pas de flageolets.

Nos convives sont venus chargés de cadeaux odorants et délicieux. Citronnelle, sauge, thym citron à planter au jardin de Dorian et Marie, sel et sucre parfumés et pâté made in Saveurs Sucrées Salées.


Merci à tous d’être venus.

Pour finir, puisque c’est un blog culinaire après tout, une recette. Celle des supli, petites boulettes de riz frites, fourrée de mozzarella fondue, que l’on mange dans les trattoria romaines, ou sur le pouce dans les ruelles de Naples. Croustifondantes, un vrai péché ces petites choses là.



Supli ou arancini
  • 250 g de riz carnaroli ou arborio
  • ½ litre de bouillon de volaille
  • 1 petit oignon émincé
  • 1 petit verre de vin blanc sec
  • 2 cs d’huile d’olive
  • 1 bol de parmesan rapé
  • 1 petite boite de sauce tomate fraîches Buitoni
  • 1 boule de mozzarella
  • 1 œuf battu
  • chapelure

Préparer un risotto simple. Faire revenir l’oignon dans l’huile d’olive, ajouter le riz et faire revenir jusqu’à ce qu’il soit transparent. Ajouter le vin et laisser évaporer. Puis ajouter le bouillon chaud, petit à petit, en remuant de temps en temps. En fin de cuisson (la cuisson dure environ 18-20 minutes), ajouter la purée de tomates, puis le parmesan. Laisser refroidir.
Couper la mozzarella en gros cubes. Enfermer chaque cube dans une poignée de riz et former une boulette. Une fois toutes les boulettes formées, tremper alternativement dans l’œuf battu et la chapelure. Puis faire frire à la friteuse à feu doux environ 10 minutes, le temps que la mozzarella fonde à l’intérieur de chaque boulette. Eponger sur du papier absorbant, servir chaud.

jeudi 1 juin 2006

Bookcrossing - Festins gascons



Il y a quelques temps Ségolène publiait une critique d’un livre de Christian Coulon, intitulé Festins gascons. La critique, le titre et la photo de couverture m’ayant attirés, je laissai un commentaire. Je reçus par la suite un message de l’auteur, qui se proposait de m’envoyer le livre. J’hésitai mais…on ne refuse pas un livre.

Je l’ai lu et il m’a plu. Je n’en referai pas la critique, que Ségolène a très bien faite. Je me contenterai de dire qu’il m’a fait sourire, souvent. Qu’il m’a poussée à réviser un peu l’histoire de l’Aquitaine, qui n’avait été qu'effleurée au lycée – je suis en train de terminer une “Histoire des aquitains” d’Antoine Lebegue. Qu’il m’a donné envie de lire Montaigne, dont je n’avais lu que quelques extraits (j’ai reçu en cadeau Les Essais, j’ai du pain sur la planche). C’est bien les livres qui donnent envie d’en lire d’autres, non?

Ce livre me paraissant être un parfait candidat pour notre bookcrossing gourmand, j’en ai commandé un autre exemplaire. Je veux garder le mien, gentiment dédicacé et qui comporte quelques recettes intéressantes à tester. Mais j’enverrai celui-ci au premier qui se manifeste. Il me semble que, bien que son propos soit universel, il parlera plus à un lecteur du sud-ouest, de par les nourritures et les lieux évoqués.

Je vous en reproduis un extrait, un exemple des festins évoqués par le livre. Ne croyez pas à cette lecture que ce soit un livre anticlérical, j’aurais tout aussi bien pu prendre le passage sur le repas de vendanges ou celui sur le pique-nique pèlerinage de St Raphael. Celui-ci m’a plu à cause des sarments de vigne…

“C’est dans cet état d’esprit que fut prise la décision d’organiser une fois l’an, le Vendredi saint, jour symbolique s’il en est, un repas gras qui réunirait les bouffeurs de curés les plus affamés du village. Mais ce repas de résistance devait, pour montrer la détermination de nos valeureux guerriers de l’anticléricalisme et instruire les foules aliénées, se dérouler dans l’espace public, sur les lieux mêmes où régnaient l’ignorance et l’oppression. La place de l’église était l’endroit idéal pour de telles agapes. Ils la connaissaient bien la place de l’église ces pourfendeurs de curés car, refusant d’entrer dans ce qui était pour eux le temple de l’obscurantisme, ils s’y réunissaient lors des enterrements, mariages ou baptêmes. Une manière à eux de participer à ces rites sociaux sans compromettre leur foi laïque.
Ce festin gras prit, comme cela se passe souvent en Médoc, la forme de ce que nous appelons une roste, c’est à dire une sorte de pique-nique de grillades où chacun apporte un morceau de viande que l’on cuit évidemment sur une braise de sarments de vignes – sarments de cabernet sauvignon bien entendu car le bois de ce cépage se consume plus lentement que d’autres et est donc particulièrement approprié à ce mode culinaire rustique. En outre, pour mettre le feu à ces sarments, nos braves ripailleurs faisaient brûler les feuilles cléricales que leurs pieuses épouses achetaient le dimanche à la sortie de la messe, celles du quotidien régional – à l’époque La Petite Gironde – étant consciencieusement réservées pour les grillades quotidiennes ou à des usages plus intimes. Autodafé symbolique qui donnait lieu à toutes sortes de réflexions et de cris belliqueux mettant en appétit ces gourmands impénitents.
Ces belles entrecôtes saignantes, parsemées d’échalotes finement hachées, étaient lentement dégustées, accompagnées de bouteilles des meilleures années, occasion de porter tous les toasts que l’on peut aisément imaginer à la gloire des défenseurs de la “cause”. Souvent les entrecôtes étaient précédées de toutes sortes de charcuteries sorties des placards familiaux.”

In Festins gascons – Christian Coulon – éditions confluences