jeudi 28 septembre 2006

Un étonnant repas d'herbes

ortie dïoïque

En général je dors du sommeil du juste le dimanche matin. Mais dimanche dernier, je ne sais pas ce qui m'a pris, je me suis levée aux aurores pour un sortie "exploration, cueillette et utilisation des plantes du Vexin", tout un programme...

On était quelques uns comme ça à s'être levés tôt, et nous voilà partis à la file indienne sur les sentiers forestiers, tels une troupe de hobbitts dans les bois de la Comté.

The road goes ever on and on


Down from the door where it began...




Cirses maraichers


Mais il n'était pas ici question de cueillir des champignons, non, nous avions des instructions claires: il s'agissait bien de ramasser les sommités tendres des orties, les plus tendres feuilles des plantins, de cueillir des cirses maraichers, et d'identifier reine des prés, menthe d'eau, cornouille et marjolaine.
La balade dans les sous bois était agréable, et nous avons remplis avec application nos sacs, tout en devisant de la fin des ressources pétrolières, du purin d'ortie et des propriétés médicinales de la marjolaine.


Puis après avoir bu une bonne tasse de tisane d'ortie revigorante, nous sommes rentrés trier et préparer notre cueillette. Subitement c'était un peu moins poétique. Essayez donc de trier et de nettoyer des brassées d'ortie sans vous piquer pour voir...






Menthe aquatique

Il fallait aussi nettoyer les feuilles de plantin, enlever les cotes des feuilles de cirse, bien laver et blanchir cirses et orties, dans le but de concocter un repas pour 12 personnes. Les plantes sauvages c'est intéressant, mais ce n'est pas de tout repos.

Finalement, au bout de deux heures de nettoyage et de préparation, nous nous sommes installés pour déguster un surprenant déjeuner, arrosé de tisanes de menthe, de marjolaine et de plantin - et d'un peu de vin blanc ausi, pour faire passer.

Les orties ont été transformées en soupe, mixées avec des pommes de terre, et agrémentées d'un peu de crème fraiche. Je dois avouer que si j'aime assez le goût, je ne suis pas fan de la texture de cette soupe. J'imagine qu'il vaut mieux la faire au printemps, quand les jeunes pousses d'orties sont plus tendres.

La soupe a été suivie d'une salade de tomates mélangée à des pousses de plantin ciselées. Là encore, c'était un peu trop dur et amer pour mon goût.


Venait ensuite une tarte salée, preparée avec les feuilles de ciste blanchies dans de l'eau assez salée, pour qu'elles ne perdent pas leurs qualités gustatives, egouttées et mélangées à du fromage blanc, des lardons et des oeufs. C'était assez étonnant, un goût indéfinissable, beaucoup plus doux que de l'épinard ou des blettes, et très bon.




Enfin, le plus surprenant, le dessert, était composé de cubes de gelée sucrée d'orties et de gelée de sureau dans un bain de crème anglaise. La gelée était faite de feuilles d'orties blanchies et mixées avec un peu de leur eau de cuisson, additionnées du même poids de sucre et de gélatine. C'était là encore très particulier, au début comme un goût de marron, puis un arrière goût d'orties. Le tout adouci par la crème anglaise et la gelée de sureau. Etrange dessert.

En conclusion, si les plantes sauvages peuvent nous apporter des goûts nouveaux et intéressants, je n'irai pas en ramasser pour faire la cuisine tous les jours. Ca demande un peu trop de manipulation. Mais j'ai appris beaucoup, et si jamais on se retrouvait à court d'autre chose, je saurais où trouver quoi mettre dans ma marmite.

Une dernière chose: avant de vous aventurer à cueillir des plantes sauvages pour faire la cuisine ou des tisanes, documentez vous et si possible allez y avec un cueilleur expérimenté, il est facile de se tromper en matière de plantes. Lisez aussi l’excellent billet de Lilo de Cuisine Campagne, à ce sujet.

lundi 25 septembre 2006

Le poulet Korma de Marie-Laure


Je cherchais depuis longtemps comment adapter le curry aux enfants, ou comment adapter les enfants au curry, ça marche dans les deux sens. Ils sont encore petits, ils ont le palais tout tendre, du genre à dire ”Ca piiiique!!!” alors qu’il n’y a qu’un peu de poivre de rien du tout, ou un peu de piment d’espelette (enfin, surtout la plus petite). Et pourtant ce n’est pas faute d’essayer de les acclimater à tous les goûts du monde possible, histoire de les endurcir, qu’ils puissent voyager partout plus tard, aller explorer les régions reculées sans aucune crainte de la tourista.

Mais bon, le curry ça pique, y’a pas, sinon c’est pas du vrai curry. Alors on se les gardait pour nous quand on est tous les deux. Et puis, et puis, j’ai reçu les livres de Marie-Laure, quatre livres tout mignons et ludiques avec de jolies photos, et des recettes simples, faciles à vivre. Et parmi ces recettes, un poulet Korma me faisait de l’oeil, avec des ingrédients simples, que j’avais dans mes placards: poulet, crème fraîche, yaourt, noix de cajou, gingembre, curcuma, cannelle et cardamone, tout le monde a ça dans ses placards non? Et dans le Korma, il n’y a pas de piments….

Conclusion: les enfants ont tout mangé en disant “J’adoore le curry!”, l’homme en a repris deux fois, à peine s’il en restait pour faire une gamelle. Un vrai succès!

Les livres de Marie-Laure, il y en a quatre, pleins de recettes faciles mais néanmoins authentiques, une bonne initiation aux cuisines indiennes et chinoises, toutes sortes de sauces pour les pâtes dans le troisième, et des petites madeleines, carrés gourmands et biscotti dans le quatrième. Allez y jeter un coup d’oeil…

Editions Mango

jeudi 21 septembre 2006

Encore des piments!


L’ordinaire est plutôt frugal dans les fermes de la montagne Basque. D’ailleurs, les gens du coin ne sont pas gras, plus souvent secs comme des coups de trique, le béret vissé sur des visages anguleux, semblant taillés à la hache. Comme dans beaucoup de campagnes, les gens vivent là presque en autarcie, des produits de leur potager, de l’élevage, de la pêche, de la chasse et de la cueillette. Depuis des générations, on y mange la même chose, immuablement.

Chez mon cousin, tous les soirs de l’année, c’est le même menu, ou presque. D’abord la soupe de légumes du jardin, faite pour la semaine, et réchauffée tous les jours. Puis un oeuf de ses poules, le jaune doré du maïs dont elles sont nourries, agrémenté de ventrèche maison ou de jambon local juste poêlé, et quelquefois de piments ou de piperade. Et le fromage de brebis local, le gros morceau sorti du buffet de la cuisine, odorant de générations de fromages, et que l’on coupe à l’opinel qu’on a en permanence dans la poche. Tous les soirs…

Et puis il y a tout ce que la montagne offre aux gens du cru, au fil des saisons: les cèpes, les girolles, les truites et les anguilles, les palombes, les chataignes, les nèfles. Et les produits du potager, les fruits des jardins, l’agneau, le porc et les lapins. C’est à peu près tout, d’importé il n’y a que le whisky, le pastis et le vin de Navarre qui tache, en provenance directe des magasins de la frontière Espagnole.

Ca peut paraitre idyllique, ça ne l’est pas toujours. Il en faut du courage et de la ténacité pour cultiver et entretenir la montagne. Ca se mérite!

Moi je n’ai aucun mérite, mais comme il reste beaucoup de piments dans le jardin de mon père et pas mal de tomates chez nous, j’ai fait une jolie piperade, dégustée avec des oeufs et de la ventrèche frite. Ca sentait bon le Pays Basque dans ma cuisine!



Piperade
  • 2 kgs de tomates, pelées, coupées en gros cubes
  • 1 vingtaine de piments verts basques, épépinés, coupés en 4
  • 3 poivrons rouges, émincés
  • 2 gros oignons haches
  • 4 gousses d’ail hachées
  • 4 morceaux de sucre
  • romarin, laurier
  • sel, poivre, piment d’espelette
Faire revenir les oignons dans un peu d’huile (olive pour moi). Ajouter les piments, les poivrons et l’ail et faire revenir environ 10 minutes, sans laisser roussir, jusqu’à ce que les poivrons ramollissent. Ajouter les tomates, les épices et aromates. Laisser compoter doucement pendant environ 1 heure, ou jusqu’à ce que le mélange devienne dense. Comme les tomates de mon jardin étaient assez aqueuse, j’ai bien du laisser cuire 2 heures à feu moyen. Le résultat est délicieux, c’est presque confit.

La piperade se sert nature avec des oeufs frits, ou bien avec des oeufs mélangés et cuits dedans en fin de cuisson.

Recette inspirée du "petit livre de recettes du Pays Basque" de Anne-Marie Galé, aux éditions FIRST

vendredi 15 septembre 2006

Ginger Fizz



Ca fait longtemps que j'avais envie de la tester, cette décoction au gingembre de Caroline, la petite boisson sans alcool qui chauffe autant qu'un apéro, sans les effets pervers. Anaïk nous en avait d'ailleurs redonné envie l'autre jour, dans un hilarant billet de retour de vacances. Mais il aura fallu un coup de pouce de Gloria la tentatrice, pour que j'abandonne le verre de Bordeaux de l'apéro, au profit d'une boisson plus torride.

J'ai donc fait la décoction de gingembre en utilisant à peu près deux grosses racines pour un litre d'eau, laissé macérer une nuit, puis mis au frais. J'ai essayé divers mélanges, jus de pêche-goyave, sirop de grenadine, sucre de canne, tous très bons mais un peu sucrés à mon goût.

Et puis je me suis souvenue du temps où j'aimais les gin fizz, vous savez ces boissons qu'on déguste confortablement installé dans un bar d'hotel, avec un piano qui joue la musique de Casablanca en fond sonore. Alors j'ai essayé le mélange moitié décoction de gingembre, moitié Pulco citron vert, un ou deux traits de sirop de sucre de canne (au goût), on secoue et c'est prêt. Ca fait même la petite mousse qui va bien. Et bien c'est très bon, un peu poivré, ça chauffe comme un alcool et ça réveille. Un "energy drink" a dit mon homme, qui préfère en général les punch avec du rhum dedans.

Pour ne pas boire sans manger, on s'est fait des petits samoussas aux épices réunionnais, qui se sont bien entendus avec le ginger fizz. Il n'y avait que le temps qui n'était pas de la partie, d'où la photo un peu tristounette.

Samoussas (pour 12 pièces)
  • 250g d'agneau haché
  • 1 oignon émincé
  • 3 cives (ciboules Thai) émincées
  • 2 gousses d'ail hachées
  • 1 belle tranche de gingembre hachée fin
  • 1 cs d'épice massalé réunionnais
  • piment au goût
  • sel, poivre
  • 6 feuilles de brick

Faire revenir l'oignon et les cives dans un peu d'huile. Ajouter la viande, le gingembre, l'ail, les épices et un peu de piment. Faire revenir jusqu'à ce que la viande soit dorée. Saler, poivrer.
Couper chaque feuille de brick en deux. Replier chaque moitié en deux. Mettre une cuillerée de viande à une extrémité et replier en triangles. C'est difficile à expliquer, mais il y a toujours un schéma de pliage sur les paquets de feuilles de brick.
Faire dorer à la friteuse, à la poêle ou au four. Le mieux c'est à la friteuse, là je les ai fait dorer à la poêle et ils sont un peu aplatis - mais super bon quand même.

P.S. Caroline, reviens, tu nous manques!

mercredi 13 septembre 2006

La vue de ma fenêtre

oeil de boeuf - cuisine

Anne Papilles a proposé l'autre jour que nous lui envoyions tous une photo prise de notre fenêtre. Curieuse, j'aime beaucoup l'idée de voir ce que tous ces gens qui me proposent des recettes alléchantes ont sous les yeux. C'est, comme le dit Anne, une façon extraordinaire de voyager à travers toute la France, la Suisse, la Belgique, le Québec, le Portugal, l'Outre-mer, l'Allemagne, l'Italie, et ailleurs peut-être (tapez moi sur les doigts si j'en oublie).

Cet après-midi, profitant du dernier rayon de soleil avant l'orage, mon homme a pris quelques photos de chez nous. C'est pour vous.

Vue du salon

dimanche 10 septembre 2006

Biperrak


Mon père n'est qu'à 50 pour cent Basque, mais à 100 pour cent amateur de piments. Ca doit être dans les gènes. De tous les piments, du chili fort au poivron doux, en passant par les petits piments de Lanzarotte dont il a ramené un jour des graines dans ses bagages. Mais surtout du piment - biperra - vert Basque, celui qu'il te suffit de mettre à frire dans la poêle pour sentir l'odeur de la cuisine de la ferme, et même, si tu tends l'oreille, tu entendras les cloches des vaches brunes dans les collines autour de la maison. De l'huile essentielle de Pays Basque en quelque sorte. D'ailleurs il n'y a pas que les Basques qui sont contaminés, c'est tout le sud-ouest, à se demander comment ils survivaient avant que les Espagnols ne ramènent les piments d'Amérique. Allez jeter un coup d'oeil à ce propos aux magnifiques photos de piments d'espelette que Saveurs Sucrées Salées a publiées l'autre jour.

Mais les piments verts doux, on n'en trouve malheureusement qu'au Pays Basque. Alors ça fait des années que mon père s'escrime à les cultiver dans son jardin, bien que le climat du Vexin ne soit pas très favorable à ces plantes de pays plus chauds. Cette année, allez savoir pourquoi, serait-ce le réchauffement de la planète, la récolte est abondante. Et mon père est très fier!

Il y a de quoi faire avec, des piperades, des salades de tomates et de piments crus, d'autant que les tomates, il y en a en pagaille aussi, et du poulet Basquaise, évidemment. C'est un plat presque trop commun pour en donner la recette, tout le monde a la sienne, mais essayez un peu de le faire avec de vraies tomates et des piments doux au lieu des poivrons, ce n'est plus tout à fait la même chose.


  • 1 poulet
  • 1 kg de tomates mûres
  • 600 g de piments verts doux
  • 1 gros oignon
  • 3 gousses d'ail
  • 2 cs d'huile d'olive
  • sel, poivre, piment d'espelette
  • thym, romarin, laurier
  • 1 1/2 morceau de sucre
  • 1 cs de concentré de tomate
Découper le poulet en morceaux. Dans une cocotte faire revenir l'oignon émincé à feu moyen dans un peu d'huile d'olive (je sais, ce n'est pas très traditionnel, mais ma recette est passée par l'Italie). Peler les tomates et les couper en cubes. Equeuter, épépiner et couper en deux les piments. Les ajouter aux oignons. Quand les oignons sont dorés, et les piments tendres, ajouter les tomates, le 1/2 sucre, le concentré de tomate, les herbes, les gousses d'ail hachées. Assaisonner et laisser compoter 1/2 heure.
Pendant ce temps, faire revenir les morceaux de poulet dans un peu d'huile d'olive, à feu moyen, pendant environ 20 minutes. Saler, poivrer. Une fois les morceaux bien dorés, les égoutter et les transférer dans la cocotte. Couvrir et laisser cuire environ 1/2 heure. Servir avec du riz blanc.

mardi 5 septembre 2006

Panier d’Olivet

On ne les voit pas très souvent nos amis, mais c’est une erreur, ils assurent quand ils viennent. Regardez donc ce qu’ils nous ont apporté d’Olivet, à côté d’Orléans:


Vins de Loire, confitures maisons, plateau de chèvres fermiers et pêches du jardin. Les chèvres sont affinés d’une manière particulière, je vous cite mon amie :” Chèvre au pot (en grès) ou "repassés" becoze , une fois bien affinés ils sont très secs et de les repasser dans un pot ils se réhydratent et deviennent à la fois faits et moelleux.”

Avec eux, nous avons dîné, au cours des années, un peu partout. A Rome, où ils faisaient cantine pour les coopérants et nous nourrissaient de steaks saignants et de pommes de terre à la graisse d’oie, quand faute de moyens, nous ne mangions que des pâtes. Près du lac de Bracciano, où nous allions manger des fritures de poisson. A Bologne, ville de charcuteries et de fromages merveilleux. Puis en région parisienne, maintenant dans le Loiret. Quelquefois, on loupe des bouts de vie: “Comment, E. a déjà 17 ans? Mais je la faisais sauter sur mes genoux il n’y a pas si longtemps!”, mais on les rattrappe allégrement au cours de ces repas et des longues soirées qui s’ensuivent. En fin de soirée, la grappa aidant, on passe aux souvenirs. Et puis on s’en crée d’autres, pour de futurs dîners. Ce soir là, on s'est régalés d'un tajine de poulet aux olives et citrons confits, cuisiné à la façon d'Estèbe et de madame Sonson, un vrai délice. J'en profite pour dire qu'on sait cuisiner chez les Estèbe.

Avec les pêches, j’ai fait une petite tarte aux pêches de vignes et crème de calisson. La pâte, je l’ai prise chez Choupette. J’aime bien les recettes de Choupette, elles sont bonnes et précises, on ne peut pas se tromper.

J’ai bien aimé le mélange de légère amertume des pêches de vigne, avec le goût d’amande et de melon de la pâte de calisson. Je n’avais pas mis de sucre sur les fruits, ils étaient suffisamment sucrés, et pour moi c’était parfait. Mon homme aurait aimé plus de sucre, mais ma fille a tout fini. Donc à vous de voir.



Pour la pâte brisée
  • 200 g de farine
  • 100 g de beurre en petits dés
  • 1 pincée de sel
  • 1 sachet de sucre vanillé
  • 2 c à s de sucre
  • 4 cl d'eau
  • pêches de vignes
  • 2 cs de pâte de calisson (pour une petite tarte)
  • 1 oeuf
Mélanger tous les ingrédients de la pâte au robot, jusqu’à une consistance sablée. Ajouter l’eau et mélanger jusqu’à formation d’une boule. Laisser reposer au frais 1 heure.
Prechauffer le four à 200 degrés.
Etaler la pâte. Eplucher et détailler en tranches épaisses quelques pêches de vigne (ici 6, elles etaient assez grosses, certaines sont toutes petites). Les ranger sur le fond de tarte. Battre un oeuf avec les 2 cs de pâte de calisson, verser le mélange sur la pâte. Enfourner environ 25 minutes, jusqu’à ce que le mélange soit doré.