Qui n’a jamais déjeuné un dimanche dans une famille anglaise ne peut pas dire qu’on mange mal en Angleterre. N’en déplaise à mes collègues de train de banlieue, qui me lancent des réflexions ironiques quand je lis un livre de cuisine anglaise, et à tous les autres dont les souvenirs remontent aux petits pois trop verts et aux jelly tremblotantes de leurs voyages scolaires dans les iles britanniques, la cuisine anglaise n’est pas mauvaise, elle est différente.
Les anglais aiment plus que nous les goûts acides, les saveurs sucrées-salées, les épices dans la cuisine et les légumes croquants. Ce qui nous a choqué là-bas pendant notre enfance est devenue monnaie courante dans notre cuisine aussi.
On peut très mal manger en Angleterre, mais en France aussi. Certes ils passent moins de temps que nous à parler de nourriture, ils s’assoient moins souvent à table en famille, et les plats préparés ont envahi leurs cuisines depuis plus longtemps que les notres. Mais les temps changent. Leurs supermarchés sont devenus de véritables cavernes d’Ali Baba de la world food. Ils ont tout comme nous leur floraison de livres de cuisine et leurs chefs médiatiques. Les gastronomes anglais ne sont pas en reste.
Mon premier souvenir culinaire en Angleterre remonte à un voyage à Londres avec mes parents et à un steak pie croustillant absolument délicieux. Quelques mois plus tard, à peine débarquée à Douvres avec ma correspondante anglaise et ses parents, j’avais eu droit à mon premier fish&chips, mangé dans la voiture, à même son emballage de papier journal. J’avais refusé le vinaigre sur les frites, mais adoré le reste.
Mais le meilleur souvenir reste sans doute le rôti de boeuf du dimanche, avec ses Yorkshire puddings, sa sauce “gravy” et ses petits légumes, preparé avec amour par nos amis anglais. Des goûts simples, celui de l’amitié, d’une cuisine chaleureuse et des dimanches pluvieux du Yorkshire.
Moi j’aime bien la cuisine anglaise.
J’ai essayé de le refaire à l’occasion de l’anniversaire d'un amoureux de l'Angleterre, et du jeu
Mille et Une Escales qui s’arrête en Angleterre jusqu’à la fin du mois. Pour le goût, je n’étais pas loin, même si mes Yorkshire puddings n’ont pas gonflé comme ils l’auraient du (je pense qu’ils étaient placés un peu trop haut dans le four, seuls les côtés ont gonflé). L’odeur dans la cuisine était bien la bonne, il ne manquait que les amis.
Roast beef and Yorkshire puddingsIngrédients
1 bon rôti de boeuf
2 carottes
2 oignons
Huile végétale (ou graisse de boeuf)
20 cl de bouillon de boeuf
1 verre de vin rouge
Préchauffer le four à 220. Eplucher et couper les oignons et les carottes en deux. Les mettre a rôtir dans un plat à four. Faire revenir le rôti sur toutes ses faces. Le placer dans le four sur les légumes et laisser rôtir à votre convenance (on compte environ 30 minutes par kilo pour une viande saignante, 10 minutes de plus pour une viande à point).
Au bout de ce temps, emballer le rôti dans une feuille d’aluminium et le garder au chaud. Déglacer le plat avec le verre de vin rouge. Verser dans un casserole avec le bouillon et faire réduire (on peut ajouter un peu de maizena diluée pour épaissir la sauce).
Yorshire puddings
2 cs d’huile vegetale, ou graisse de boeuf
100 ml de lait entier
50 ml d’eau gazeuse
115g de farine
½ cc sel
2 oeufs battus
Poivre, 1 pincée de poudre de moutarde
Battre les oeufs avec le poivre et la pincée de moutarde. Tamiser la farine et le sel dans un grand bol. Commencer à incorporer la farine au fouet en ajoutant progressivement le mélange lait-eau gazeuse. Verser dans un picher.
Au four préchauffé à 220, faire chauffer de l’huile végétale, de la graisse de boeuf, ou un peu de graisse du rôti dans des moules à Yorkshire pudding, ou à muffin en metal. Quand la graisse fume, remplir les moules aux 3/4 et laisser gonfler 20 minutes, sans ouvrir le four.
Servir avec le boeuf et la gravy. J’avais preparé en accompagnement des brocolis gratinés dans une sauce au bleu, et des pommes de terre simplement enrobées d’huile d’olive, de poivre et de thym et rôties au four.
Pour finir, un trifle anglais presque totalement chimique: sponge cake, gelée à la fraise, custard en poudre pour la crème anglaise, agrémenté de vraies framboises et de vraie Chantilly. Un goût venu d’ailleurs.