jeudi 30 novembre 2006

Il y a des soirs comme ça...

Des soirs où, au retour d'une longue journée de boulot, tout va mieux tout à coup. Tout ça parce qu'à la Pôste Gourmande de Marie-Laure, le sort a décidé que ce serait à Hélène de Cannes de m'envoyer une carte. La mienne était partie dans l'Est, chez Cocopassions. J'aime bien ce jeu de hasard, cette idée de Marie-Laure d'envoyer une carte à un parfait inconnu tiré au sort. Enfin, pas tout à fait inconnue dans ce cas là, puisque j'ai rencontré Hélène et son fils Clément quand ils sont venus à Paris au mois d'octobre. Le hasard nous rapproche, une fois de plus.

Et sa grande carte Provençale est belle, on pourrait l'encadrer, je la verrais bien dans la cuisine:

Et puis le même soir, par un heureux hasard, un petit paquet m'attendait aussi:

Cette fois c'était Anne Papilles qui avait décidé de me faire sourire, en m'envoyant du sumac, pour que je puisse y goûter. Comme ça, sans que j'ai rien demandé...

C'est aussi la même journée que Veronica avait choisi pour me proposer les diverses décorations de Noël qu'elle m'avait préparées.

Il y a des soirs comme ça, où on se sent mieux tout à coup.

mercredi 29 novembre 2006

mardi 28 novembre 2006

Une semaine à table

Garance m’a demandé, parmi d’autres, de me plier à un petit exercice: noter heure par heure tout ce que je mangeais pendant la semaine. C’était intéressant et j’ai essayé de m’y plier honnêtement, sans rien changer à mes habitudes. Voici donc la liste de mes gourmandises hebdomadaires:

Lundi
07:25 – un toast beurré, jus d’orange, café sucré
09:30 – un yaourt (pas eu le temps de le manger au petit déjeuner)
12:30 – une caille, haricots verts, pomme
19:00 – un ginger fizz (sans alcool)
20:00 – Quiche Lorraine (maison), carottes rapées (maison), chèvre, clémentine
22:30 – 4 carrés de chocolat noir-orange

Mardi
07:20 – toast beurré, yaourt, jus d’orange, café sucré
12:30 – reste de quiche – 2 pommes
16:30 – 1 Oréo (petit gateau américain)
19:00 – 1 ginger fizz
22:00 – snack post cours de Qi Qong
Pain, camembert, noix, pomme
2 verres de Bordeaux
23:00 – 2 carrés de chocolat noir-orange

Mercredi
07:20 - toast beurré, yaourt, jus d’orange, café sucré
11:00 – 1 Oréo
12:15 – Reste de spaghetti au thon, 2 clémentines
18:30 – 1 bonbon (Magnificat)
20:30 – 1 assiette de garbure, pomme

Jeudi
08:00 - toast beurré, yaourt, jus d’orange, café sucré
12:30 – Ginger Fizz
14:00 – 9 jiaozi
18:45 – Ginger Fizz
20:00 – lentilles, saucisse de Morteau, poire
23:30 – 1 verre de Bordeaux, 1 carré de chocolat au lait

Vendredi
07:20 - toast beurré, yaourt, jus d’orange, café sucré
11:30 – 1 café long sucré (machine à café)
12:20 – reste de garbure, 2 clémentines
18:45 – 1 Ginger Fizz
20:30 – 2 parts de pizza (maison)

Samedi
08:20 - toast beurré, yaourt, jus d’orange, café sucré
10:00 – 1 café sucré
13:30 – Ginger Fizz
14:00 – moules au curry, frites, clémentine

21:00 – saumon grillé à l’estragon, pommes de terre, fenouils, tarte au citron
22:30 – 1 verre de vin


Dimanche (là on s’est lachés..)
09:30 - toast beurré, yaourt, jus d’orange, café sucré
10:00 – 1 café sucré
12:00 – 3 coupes de champagne
gateaux apéritifs au parmesan de ma maman super bons.
14:00 – Resto Chinois
Dim Sum, canard au basilic, rôtisserie Cantonaise, riz
3 verres de rosé
20:30 – Ginger Fizz
23:00 – la dernière part qui restait de la tarte au citron


Bon, pas très équilibré au final, ça manque de légumes un peu non? Vous aurez noté mon goût pour les Oréo et le chocolat noir à l’orange en fin de soirée. On verra bien ce que Garance trouvera à en dire…

Au fait, il y a des recettes qui vous intéressent dans tout ça?

jeudi 23 novembre 2006

KKVKVK #14 - All the way from China


Premiers contacts.

La pluie tombait, pratiquement sans interruption, depuis le début de l'après-midi. La pluie comme je ne l'avais jamais connue jusque là, tropicale, en épais rideau, martelant incessamment les toits de tôle.
J'avais mal dormi. La veille, à peine débarquée, j'étais partie visiter le temple Long Shan et le marché de nuit, en compagnie d'un immense Canadien du Saskatchewan. Il venait d'une région où les ours polaires se balladent en pleine ville l'hiver, et il avait décidé que non, vraiment, il ne pouvait pas me laisser me promener seule dans les rues de Taipei la nuit.
Long San Shi - le temple était sombre, les colonnes sculptées, les statues polychromes de dieux grimaçants voilées par les fumées d'encens. Ce n'était pas effrayant, juste totalement étranger.

Au dehors, le marché de nuit, qui ne s'appelait pas encore Snake Alley, s'étirait sur toute la longueur d'une rue, jusqu'au red light district. Tout du long les vendeurs criaient à l'encan leurs marchandises dans des micros crachotants. Ils vendaient des cobras, tirés de cages grouillantes, qu'ils excitaient du bout de leurs crochets de fer, pour en montrer les qualités belliqueuses. Une fois vendu, le serpent était tué, son venin et son sang mélangé à un verre d'alcool, accompagnant une soupe de serpent. Plus loin c'étaient des tortues qui subissaient le même sort. Le long des trottoirs des planches de photos médicales montraient des maladies de peau; les vertus thérapeutiques de certains animaux ne sont plus à démontrer pour les chinois.
Ce n'etait pas effrayant, juste totalement étranger. L'immense Canadien lui, ne devait pas être à l'aise, il m'avait pris la main.

La rue se terminait dans le quartier des lumières rouges, où les filles attendaient, debout sous les ampoules rouges, les clients qui leur venaient après avoir consommé leur potion de venin et d'alcool (*). Nous sommes partis.

La nuit, sous la moustiquaire, fut étouffante et agitée. Je tentais de me fermer les oreilles aux crissements incessants des cafards. Mais qu'est-ce que je faisais là, si loin?
Et cette pluie, sans fin.

Je ne sais plus ce qui m'a poussée à sortir finalement. La faim peut-être. Il y avait, au coin, des restaurants de rue abrités sous des auvents, juste quelques tables en formica usé, des tabourets, des pots pour les baguettes. La vapeur montait des énormes woks, se mêlant à l'humidité de l'air. Attirée par l'odeur, je commandai une portion de jiaozi, ces raviolis chinois grillés puis mouillés de bouillon, en forme de croissants de lune.

Mes premiers jiaozi, moelleux et craquants à la fois, avec leur arrière goût de sésame, chauds, réconfortants. Finalement, je sentais que j'allais me plaire dans ce pays...

Alhya, ça fait longtemps que je voulais essayer d'en faire. Ceux-ci sont pour toi. Merci d'avoir choisi cet excellent thème pour le KKVKVK #14.

(*) C’était il y a trèèèès longtemps, bien avant que le gouvernement de Taiwan n’interdise la prostitution, et que ce marché ne s’appelle Tourist Night Market.

Si vous avez envie de continuer le voyage dans ces contrées, allez donc faire un tour à Taiwan chez Msieur Gaël, Breton voyageur, sa jolie femme Jun Ling, et leurs commentateurs attitrés, le Professeur Bromure, l’adjudant Mourmelont, la boucherie Sanzot… C’est Parlabas…Taiwan Taiwan, les photos sont belles, les textes fort bien écrits, et l’atmosphère dans les commentaires plutôt enjouée. Je ne vous en dit pas plus…



Je ne vous cacherai pas que ce n'est pas une recette simple. Il faut avoir du temps devant soi, les préparer la veille ou mieux les faire à l'avance et les congeler par petites portions. Il vaut mieux aussi avoir des petites mains pour vous aider à les plier. Bref, pas une recette dans laquelle on se lance deux heures avant le dîner...
J'avais une recette pour 100 pieces, tirée de l'excellent livre Yan Kit's Classic Chinese Cookbook, j'ai divisé les proportions par deux, et je n'ai finalement réussi à en faire que la moitié, faute de temps.
Pour d'autres versions, tout aussi savoureuses, allez voir ceux de Lolie, et aussi les gyozas japonais de Clea et Adele.

Jiaozi (pour 50 pièces)

Pâte
  • 275g de farine ordinaire
  • 175 ml d'eau bouillante
  • 1 cs d'eau froide
Tamiser la farine dans un saladier. Verser l'eau bouillante. Mélanger rapidement à la fourchette. Continuer à la main tant que le mélange est encore chaud. Ajouter l'eau froide. Pétrir 2-3 minutes pour obtenir une pâte ferme mais pas dure. Laisser reposer couvert au moins 1/2 heure.


chou céleri - you cai
Farce
  • 12g de crevettes séchées, rincées
  • 1/2 cs de vin de Shaohsing ou de Xeres
  • 450g de chou céleri
  • 1 cc de sel
  • 225g de porc, finement haché
  • 6 oignons nouveaux, coupés en fines rondelles
Marinade
  • 3/4 cs de sel
  • 4 tours de moulin à poivre
  • 1 cc de vin de Shaohsing
  • 1 1/2 cs d'huile de sésame
  • 1 1/2 cs d'huile d'arachide ou tournesol
Hacher finement la partie verte des choux. Les mélanger au sel dans un bol. Laisser reposer 30 minutes.
Couvrir les crevettes d'eau bouillante et laisser reposer pendant 15-20 minutes.
Hacher la viande.
Egoutter les crevettes en conservant le liquide. Les hacher finement.
Preparer la marinade. Y ajouter 1 1/2 cs de l'eau des crevettes. Ajouter la viande et mélanger vigoureusement (traduction littérale). Ajouter les crevettes et les oignons. Egoutter les choux et Presser les choux entre les mains pour ôter l'excès d'eau. Les ajouter et mélanger.
Diviser la pâte en deux. Rouler la moitié sur un plan fariné en un long boudin de 2 cm de diamètre. Le couper en morceaux d'environ 1,5 cm de longueur. Laisser le restant de pâte couvert.
Prendre chaque morceau, le rouler en boule, l'aplatir dans la paume de la main. Le fariner et l'étaler au rouleau sur environ 7,5 cm de diamètre. Recouvrir les disques d'un linge au fur et à mesure pour éviter qu'ils ne se déssèchent.

Photo Yan Kit's Chinese Classic Cookbook

Prendre chaque rondelle et y faire des 6 plis d'une profondeur d'1 cm de manière à former une poche. Remplir la poche d'une cuillerée de farce et refermer en pressant bien les deux bords.

Cuisson
  • 2 cs d'huile
  • 120 ml d'eau chaude mélangée à 2 cc d'huile et 1 cc de vinaigre de riz
  • 1 cc de farine dissoute dans deux cs d'eau.
Faire chauffer une poêle, ajouter l'huile, y disposer 12 raviolis sur deux rangs. Il faut qu'ils se touchent légèrement. Couvrir et faire frire à feu doux 3 minutes. Rajouter le mélange d'eau chaude, monter le feu, couvrir et cuire environ 7 minutes, jusqu'à ce que l'eau soit pratiquement absorbée et le dessous des raviolis dorés. Ajouter le mélange de farine et d'eau le long des bords. Couvrir et cuire encore environ 2 minutes, jusqu'à ce que les raviolis soient légèrement collés ensemble.
Servir immédiatement avec de la sauce soja, du vinaigre ou de l'huile pimentée.

dimanche 19 novembre 2006

Sur un air de Don Giovanni

Crédit photo: Olivier


Quelle jolie idée Anna, de nous proposer de cuisiner un plat à partir d'un air d'opéra. L'opéra pour moi, c'est le Don Giovanni de Mozart, depuis que j'ai vu, l'année de mes seize ans, le film de Losey dans une salle des Champs Elysées, en compagnie de ma meilleure amie de toujours. Seize ans... Nous sommes sorties de la salle heureuses, exaltées par la musique, les voix, les paysages. Inoubliable!

De Don Giovanni à Casanova, il n'y a qu'un pas, que je franchis allégrement. J'avais depuis plusieurs années dans ma bibliothèque un très joli livre, "Casanova, Les Menus Plaisirs", d'Hippolyte Romain et Daniel de Nève, sur la vie de ce libertin personnage, agrémenté de très belles photos et illustrations et de quelques recettes sympathiques. Je l'ai relu.

Notre homme, au delà de son goût pour les femmes, était un gourmand, amateur de bonne chère et de tables bien dressées. Voici un petit extrait, très soft, de ses mémoires:

"Dans la nuit à l'heure fixée j'ai trouvé le casini sans la moindre difficulté, j'ai ouvert la porte et suivant son instruction je l'ai trouvée habillée en séculière avec la plus grande élégance. La chambre était éclairée par des bougies placées sur des bracelets devant des plaques de miroir, et par quatre autres flambeaux qui étaient sur une table, où il y avait des livres. M. M. me parut une beauté tout à fait différente de celle que j'avais vue au parloir. (...) A quatre heures elle me dit qu'elle avait grand appétit, et qu'elle désirait ne pas me voir différent d'elle. Elle sonna et une femme bien mise nous servit. Le service était de porcelaine de Sèvres. Huit plats de cuisine faisaient le souper; ils étaient sur des boîtes d'argent remplies d'eau chaude qui tenaient les mets toujours chauds. C'était un souper délicat et fin. Je me suis écrié que le cuisinier devait être français, et elle me le confirma. Nous ne bûmes que du Bourgogne, et vidâmes une bouteille de champagne oeil-de-perdrix et une autre de mousseux pour rire. Ce fut elle qui fit la salade; son appétit était égal au mien."
Du livre, j'ai adapté une recette, tout à fait délicieuse, celle des Cailles en petite vertu:
  • 2 cailles
  • 2 verres de vin blanc sec (j'ai utilisé de l'Apremont)
  • 1 livre de haricots cocos
  • 3 gousses d'ail hachées
  • 2 échalottes
  • 1 cm de racine de gingembre rapée
  • huile, beurre salé
  • sel, poivre, piment d'espelette
Faire dorer les cailles à feu vif dans une sauteuse, avec un peu d'huile et de beurre salé. Ajouter l'échalotte émincée et faire blondir. Arroser du vin blanc, à mi-cuisse des oiseaux. Saler, poivrer, espeletter. Couvrir et faire cuire à feu doux environ 20 minutes.
Equeuter et couper les haricots coco en morceaux d'environ 3 cm. Les faire cuire dans de l'eau bouillante salée pendant 10 minutes, il faut qu'ils restent un peu fermes. Egoutter et réserver.
Dans une poêle, faire revenir à l'huile d'olive l'ail et le gingembre haché pendant 1 minute. Ajouter les haricots et faire revenir 3-4 minutes à feu vif. Saler, poivrer.
Dresser les haricots sur une assiette, recouvrir de la caille nappée de son jus.


Editions Plume

jeudi 16 novembre 2006

La Rolls

Vous vous souvenez, je vous avais demandé conseil, il y a quelques mois, pour changer ma vieille cuisinière? Gaz, électricité, mixte, marque, etc., je ne savais que choisir.
La notre avait fait son temps, c'était une doyenne. On l'avait eue en même temps que la maison, mais elle était là depuis longtemps déjà. Elle avait survécu à trois mois d'inondation, mais elle était rouillée, fuyait le gaz, bref elle n'en pouvait plus.
Alors on lui a fait une dernière toilette, on ne pouvait quand même pas la laisser partir comme ça. Et puis on s'est acheté une Rolls, De Dietrich mixte, noire, chaleur tournante, cuisson traditionnelle, cuisson combinée, porte froide, pyrolyse et tout le toutim. Et puis quand même le gaz, indispensable pour la cuisson au wok.
Figurez vous que c'est la première fois qu'on s'achète une cuisinière. On méritait un truc bien non? Je sens qu'elle va faire des merveilles notre Rolls.
Bon, au premier essai, elle a fait pêter les plombs. C'est pas grave, on a des bougies, on est habitués à la campagne. Faudra juste changer le compteur.


En attendant, j'ai éteint le maximum de lampes, l'ordinateur et la télé. Et j'ai fait des petites tartelettes vite fait, pour l'essayer. Pâte feuilletée, petites pommes qui ne paient pas de mine mais délicieuses du jardin des voisins, un bon peu de cannelle, un soupçon de vergeoise, une lichette de beurre salé par dessus. 25 minutes à 200° (cuisson éco) plus tard, elles sont toutes belles, croustillantes et moelleuses, acidulées et parfumées. Un vrai plaisir simple. Je sens que je vais me mettre à la pâtisserie moi!

lundi 13 novembre 2006

Devinez...

...où nous sommes allés ce weekend.

Quelques photos:


Allez, un indice: sur l'autoroute les panneaux indiquent Toulouse, Bordeaux, déjà un avant-goût de vacances. Mais nous nous sommes arrêtés bien avant.

Deuxième indice: la Loire y coule, lente et sinueuse, frontière entre les brumes du Nord et les accents chantants du Sud.

Spécialités du lieu: macarons aux fruits, déclarés par mon fils meilleurs que ceux de chez Ladurée. Huit ans, et déjà quelques références...

Quelques petits chèvres fermiers de la région. Je sais, je vous ai déjà fait le coup, mais je ne résiste pas.

Alors, vous avez trouvé?

Pas de photos des repas, nous étions bien trop occupés à apprécier les rillettes locales au vin blanc, le civet de joue de boeuf, à la viande tendre et moelleuse, le crumble de poires aux speculoos, la tatin de pommes et le Givry. Et la compagnie, évidemment. Bien trop occupés à évoquer d'autres repas, d'autres lieux. C'était bon de faire une pause, on est repartis reposés. Merci!

mercredi 8 novembre 2006

Un Casareccio pour Sandra


Je marchais longtemps, de Porta Portese aux ruelles du Trastevere, pour aller jusqu’au fornaio acheter un casareccio, un demi, ou un quart, il était vendu au poids. Et je repartais contente, avec le pain encore chaud dans son enveloppe de papier brun, le ciel bleu de Rome au dessus. Des promesses de tartines plein la tête.

Là-bas, la baguette, les croissants nous manquaient. Allez savoir pourquoi, même dans un pays de cocagne, il manque toujours quelque chose aux expatriés. Mais il y avait les panini al latte, les cornetti, les rosette, la pizza bianca et le casareccio. Un gros pain de ménage à la croûte noire caramélisée, à la mie brune, très alvéolée, presque élastique, cuit au four à bois. Le pain idéal pour saucer, délicieux grillé, frotté d’ail et arrosé d’huile d’olive.

Ici, par un juste retour des choses, le casareccio nous manque. Alors, ce pain, je l’ai dans la tête depuis que Sandra en a publié une version de la région des Pouilles, il y a de longs mois. Mais où trouver le temps de commencer la biga la veille, de pétrir et d’attendre 3 à 5 heures que la pâte lève, de repétrir et d’attendre encore 1 heure, 1 heure 30 avant d’enfourner. Tout dépend de la température, le pain est une diva qui sait se faire désirer.

Il m'aura fallu une triste journée d'automne pour me lancer. Quoi de mieux à faire quand le brouillard couvre la campagne toute la journée que de regarder pousser la pâte et d'allumer le four?
Finalement, ce n'est pas le pain de mes souvenirs. Il manque la croûte noire, il me faudrait un four à bois peut-être. Mais qu'est-ce qu'il était beau, et bon! Quelle fierté de le sortir du four celui-là!

Sandra, merci. Ce pain est pour toi, et pour ta petite qui vient de naitre.

Pour la recette, allez visiter Le Pétrin, je n'ai rien modifié.

lundi 6 novembre 2006

24 heures contre la cyber-censure


REPORTERS SANS FRONTIÈRES ORGANISE LES 24 HEURES CONTRE LA CENSURE SUR INTERNET ET APPELLE LES INTERNAUTES À SE MOBILISER

Rendez-vous sur http://www.rsf.org/ du mardi 7 novembre 11h00 au mercredi 8 novembre 11h00

Créer une page sur Internet, publier des informations en ligne ou poster un commentaire sur un blog est a priori à la portée de tous. Il n’en est rien dans les treize pays épinglés par Reporters Sans Frontières à l’occasion de l’opération : 24 heures contre la censure sur Internet. Soixante et une personnes sont emprisonnées dans le monde pour avoir publié des textes "subversifs" sur un blog ou un site Web. Reporters Sans Frontières dresse une liste de 13 pays “ennemis d'Internet” qui censurent abusivement la Toile en bloquant les contenus qui critiquent leur autorité. L’Internet fait peur. Les censeurs de tous horizons en exploitent les failles et s’attaquent de front à ceux qui y avaient placé leurs espoirs. Des multinationales, Yahoo ! en tête, collaborent avec le gouvernement chinois pour filtrer le Réseau et traquer les cyberdissidents.

La défense de la liberté d'expression sur Internet et le sort des bloggers dans les pays répressifs est l'affaire de tous. Durant 24h, l'organisation propose aux internautes une CYBERMANIF INTERNATIONALE et des outils pour se mobiliser contre les prédateurs d'Internet.

Entre le mardi 7 novembre 2006, 11h00, (heure de Paris) et le mercredi 8 novembre 11h00, chacun est invité à soutenir ce combat en se connectant sur http://www.rsf.org/. Chaque clic fera évoluer la carte des “Trous noirs du web” et reculer la censure. Pour peser sur les gouvernements qui musellent ce qui devrait être un espace de liberté, et faire de cette opération un succès, la participation du plus grand nombre est nécessaire.

Des actions militantes seront par ailleurs mises en place par les bureaux des Reporters Sans Frontières à travers le monde pour dénoncer les dérives éthiques des géants de l'Internet lorsqu'ils opèrent dans l’un de ces pays.

Reporters Sans Frontières publiera la liste des treize ennemis du Net le 7 novembre et lancera, à cette occasion, sa plate-forme de blog, rsfblog, ainsi qu'une version en arabe de son site Internet, dédié à la liberté de la presse.

L’agence Saatchi & Saatchi a créé une campagne presse qui sera déclinée pour le Web, appelant toute la communauté des Internautes à se mobiliser au cours de ces 24 heures. Tous les médias, les sites et les blogs qui souhaitent s’associer à cette opération d’envergure sont invités à prendre contact avec Cédric Gervet : 00 33 1 44 83 84 74.

La liberté d’expression n’est pas un luxe. C’est un droit pour tous !

5 rue Geoffroy-Marie - 75009 Paris – Tel : + 33 1 44 83 84 71 – Fax : + 33 1 45 23 11 51
internet@rsf.org - Plus d'informations ➥ http://www.rsf.org/

jeudi 2 novembre 2006

Ahusquy



Dans la vallée, il faisait beau et chaud. On est montés progressivement, de Garindein à Idaux-Mendy, puis Aussurucq. La route est de plus en plus sauvage, les paysages aussi. Plus haut encore, on rentre dans la forêt des Arbailles, et dans les nuages. La végétation est luisante d’humidité, la route est la seule trace de civilisation dans cette forêt ancienne. Ah non, il y a les vaches aussi, les belles vaches du pays Basque, tranquilles, au beau milieu de la route. Nous on est des étrangers, alors on attend qu’elles bougent, elles sont balaises ces vaches. Et puis il y a les cyclistes fous aussi, habillés en tour de France, qui montent obstinément vers le col.
Plus haut encore, au sortir de la forêt, ce sont les paturages. Perdus dans la brume on aperçoit ici et là des vaches, des moutons, des chevaux, en liberté dans la montagne. Et puis tout en haut, le col, et dans un trou de nuages, un vol de vautours, libres eux aussi. En haut, il fait froid, l’horizon a disparu dans la brume.
La grande salle de l’auberge d’Ahusquy est chaleureuse à souhait. Les longues tablées, la grande cheminée avec ses cuivres luisants, la rumeur sonore des conversations en basque, les odeurs alléchantes, tout nous invite à nous asseoir, et à rester, longtemps.
Et un repas prend longtemps au pays Basque. Dans cette auberge comme dans les autres, d’autant plus que celle-ci sert d’étape à des tablées de randonneurs affamés. Il y a d’abord le potage, on n’y coupe pas. Puis la truite (prononcer trrruite), l’anguille, ou la cassolette de gambas. Puis la tranche de gigot, le magret ou la pièce de boeuf, généreusement servis avec des haricots blancs et des beignets d’aubergines. Enfin les fromages et les desserts. Nous voilà lestés, prêts pour la sieste. Dehors, le nuage s’est déchiré, découvrant les pentes vertes et la forêt au dessous. On prendra l’autre route pour redescendre, celle par laquelle est monté le peloton du Tour de France – ils sont fous ces gars là!
Cassolettes de gambas (pour 4)
  • 16 gambas
  • 1 tomate
  • 1/2 poivron rouge
  • 1 belle gousse d'ail
  • 3 tranches de ventrèche *
  • 1 giclée de cognac
  • poivre, piment d'espelette
  • 30cl de crème fraiche
* la ventrèche est de la poitrine séchée basque, souvent parfumée de piment d'espelette. Si vous n'en trouvez pas, remplacez par une tranche épaisse de jambon de Bayonne. Préchauffer le four sur thermostat 6/180°. Faire revenir rapidement les gambas avec leur carapace dans 1 cs d'huile d'olive, jusqu'à ce qu'elles rosissent. Réserver. Couper le demi poivron et la tomate épépinée en petits cubes. Couper la ventrèche ou le jambon de Bayonne en fins lardons. Décortiquer les gambas et en disposer 4 par cassolette. Faire revenir rapidement la ventrèche, les dés de tomate et poivron et la gousse d'ail hachée dans l'huile qui a servi à faire revenir les gambas. Une fois un peu fondu, flamber au cognac (éteindre la hotte). Ajouter la crème, mélanger. Ajouter poivre et piment. Saler si besoin. Verser le mélange sur les gambas et enfourner pour une quinzaine de minutes. Attention, c'est une entrée sérieuse. Il faut avoir un peu marché dans la montagne pour avoir envie de confit de canard à la suite de ça. Mais c'est bon!
A la demande expresse de Maloud, lectrice de Porto, Portugal (vous vous rendez compte, j'ai une lectrice à Porto, je suis super fière!), je rajoute l'adresse de l'auberge: AUBERGE D'AHUSQUY AHUSQUY 64130 AUSSURUCQ Tel : 0559285727 Il vaut mieux réserver, surtout le weekend, il y a pas mal de groupes de randonneurs qui s'y arrêtent, et des gens du cru aussi. Autres infos utiles: les prix sont très raisonnables et le restaurant ne prend pas les cartes de crédit.

mercredi 1 novembre 2006

Toussaint


Est-ce ainsi que les hommes vivent?

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
A quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un cœur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton cœur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Louis Aragon