Il pleut. Enfin. Ce matin pour la première fois l’air sentait les feuilles mouillées, la mousse, l’automne. Il faisait nuit sur la plaine.
Je ne me résigne pas pourtant à laisser partir la lumière, l’été, la légèreté des pieds nus dans les sandales. Et ces quelques moments lumineux, sous les arbres des Tuileries, en compagnie de belles gourmandes.
Elles étaient douces, ces pauses déjeuner autour du banc de pierre, toujours le même. On aurait pu rester l’après-midi entière à deviser tranquillement dans l’ombre chaude. De tout et de rien, de la vie comme elle va, du grave et du léger, de leurs envies et de leur gourmandise.
Il fallait voir les regards curieux, gourmands ou amusés des passants pressés, des touristes à vélo, du clochard venu demander un sandwich, sur notre table improvisée, les salades et les douceurs, la bouteille de vin, l’umeshu, le thermos de thé glacé. J’ai goûté là un délicat taboulé libanais, une salade de pommes de terre rôties absolument parfaite, des brownies infiniment moelleux, un clafouti mousseux de chez Mingou et d’autres aux mirabelles de chez Marion également délicieux (et moi qui croyais ne pas aimer les clafoutis). Ces jolies filles sont aussi de fameuses cuisinières, pas des cuisinières sur papier glacé, avec filet de caramel balsamique tout autour de l’assiette, non, des vraies, qui te nourrissent joyeusement leur monde.
Alors, pour faire durer le plaisir, encore un peu, pour Mingou, qui me l’avait demandé, et pour Marion qui m’a donné des photos, deux recettes d’été (après tout, elles seront bientôt de saison dans l’autre hémisphère).
Photo Olivier *
La frita comme je la fais, c’est facile. Peut-être pas la recette pied-noir originale, mais c’est comme ça que je la bricole.
Tu prends 2 boites de tomates pelées en cubes. Des bonnes, tu vérifies d’où elles viennent, les italiennes sont bien. Dans un faitout anti-adhésif, tu verses ½ verre d’huile d’olive, puis les tomates. Tu ajoutes 4 gousses d’ail pelées, 4 feuilles de laurier, tu couvres et tu laisses cuire sur feu moyen-doux longtemps, longtemps, une heure peut-être, jusqu’à ce que la sauce soit bien dense. Pendant ce temps là tu mets 4 poivrons à griller sous le grill du four (ou sur un barbecue, encore mieux) jusqu’à ce qu’ils soient cloqués et noircis de toutes parts. Tu les mets dans un sac en plastique ou un papier journal pour qu’ils refroidissent, puis tu les pèles, tu enlèves les pépins, tu les sèches bien et tu les coupes en lanières.
Photo Olivier *
Les poivrons, tu peux prendre des verts, pour la couleur (certains mettent quelques piments verts piquants aussi, c’est bon). Moi je préfère les rouges, plus doux et moelleux. Quand ta sauce tomate est bien dense, tu ajoutes les lanières de poivrons, le sel, le poivre, le piment d’Espelette, et tu laisses cuire encore 1 bonne heure jusqu’à ce que toute l’humidité s’évapore. Tu rectifies l’assaisonnement et tu laisse refroidir complètement avant de servir.
Cette recette-ci, des antipasti de courgette à la menthe, je l’ai goûtée un jour sur une petite ile du Golfe de Naples. Comme beaucoup de recettes italiennes, elle est d’une simplicité enfantine, c’est la qualité des produits qui fait toute la différence.
Tu coupes 1 ou 2 courgettes en tranches d’1/2 cm d’épaisseur et tu les fais griller à l’huile d’olive, de chaque côté. Tu sales, tu poivres, tu pimentes et tu réserves. Dans la même poêle, tu jettes une poignée de feuilles de menthe fraiches, tu déglaces avec le jus d’1/2 citron et tu éteins le feu. Tu mélanges délicatement les rondelles de courgette dans le jus, et tu laisses refroidir avant de servir.
Simplice !
Simplice !
* Photographes officiels d'Un dimanche à la campagne.
Celle-ci, elle est de moi, quand-même…
38 comments:
J'aurais bien aimé être en votre compagnie, sur ce banc des Tuileries !!
Alors maintenant, on a des photographes
officiels .?
Bises
T’as vu ça Gabriella? Et des bons en plus!
J'adore les photos !
moi je fais un truc comme çà avec mes tomates mais je savais pas que c'était de la frita ;-) merci pour l'info
C'est chouette de te relire
Elles sont si belles les photos de Marion... De belles gourmandes,je veux bien te croire.
Mais j'ai encore le temps pour cette frita. Avec des tranches de pain de campagne, ça me dit bien.
Bises
Grande classe, la photographe personnelle !
Ta frita, je la gare pour l'été prochain, à moins de trouver encore de belles tomates... Les poivrons ça se trouve encore.
Trop rigolo, j'ai fais des courgettes comme ça dimanche dernier. C'était très miam :) La recette à la tomate, je la note, il y a tout ce que j'aime.
Chapeau pour les photographes perso !
je ne doute pas des talents culinaires des belles filles, l'été. j'aime terriblement la frita, comme tu la racontes, les tomates et les poivrons un peu sucrés et moelleux. un délice, simplement...
Tiuscha, la frita, en fait, je préfère la faire avec de bonnes tomates en boite, la sauce est plus onctueuse. Parce que des bonnes tomates, il en reste encore ici, tant qu'il ne gèle pas.
Je suis allée aux Tuileries et tu n'y étais pas.
Trop contente de te relire! Vous me faite une place sur votre banc au printemps prochain?
La frita me rappelle le papi pied noir de mon mari, en tout cas je serais bien venue vous rejoindre sur ce banc.
ce que je suis fière d'être photographe officielle :)
Ils me manquent déjà ces pique niques !
comme me manquent nos curry fridays
Que penses tu de jeudis teriyaki pour compenser ? :) On referait le monde tout pareil, autour d'un verre d'umeshu ^^
Des plats merveilleux, des convives merveilleuses...elle est pas belle la vie ? ;o)
Marion, c'est moi qui suis fiere d'heberger de si jolies photos.
Pas contre un jeudi teriyaki...
Mais oui Marielle, qu'elle est belle!
C'est si beau et délicieux ce billet et des photos sont simplement magnifiques! Ça me donne si envie de longs après-midis paresseux au parc. Merci de nous rappeler les vrais plaisirs dans la vie! Je n'ai jamais essayé la frita mais je vais sûrement la faire ce week-end car il y aura du monde chez moi!
j'adore tes photos...
Enfin il pleut, j'attends des cèpes avec impatience...quoique, il ne pleut plus à Paris.....
Je vais rougir ! (ça y est, c'est fait...)
Merci pour la frita ! C'était tellement bon... Sur ce, je m'en vais chercher des poivrons (je serais incapable d'attendre l'été prochain pour en remanger).
Et puis, je suis vachement contente de te relire, qui plus est à une fréquence si soutenue :-) Une si longue absence, ça fait beaucoup de choses à raconter et à rattraper...
Ne rougis pas - remarque si, ca doit etre assez mignon - c'etait si bon ce que tu nous a prepare cet ete. Il y a dans tes plats un simplicite elegante qu'on ne trouve pas partout.
Bolli, les cepes, a Paris, ils poussent ou dis? A moins que tu ne veuilles pas reveler tes coins secrets...
Vraiment Gracianne ta poésie me manquait , c'est l'épice la plus douce qui soit pour parfumer tes recettes
Voilà un beau billet collectif haut en couleur. En regardant la 1ère photo, on croit vous voir à travers le feuillage, à moins que ce ne soient vos rires qui planent dans l'atmosphère.
très belles photo...
ça me fait bizarre ce tutoiement.
ça ne gâche rien ni aux photos ni aux recettes d'été bien sûr.
mais c'est vrai, bientôt l'été dans l'autre hémisphère et toujours un peu dans celui-ci avec ce magnifique soleil d'octobre qui nous fait ressortir les tongs.
Oh Mijo, le tutoiement, c'était parce que je m'adressais en priorité à Mingou. Et je la tutoie cette jeune fille. C'est vrai que ça me vient facilement, avec tout le monde, trop peut-être.
J'aime bien ces recettes toutes simples et qui sentent bon d'ici!
S'il reste une petite place sur le banc, je me joindrai un de ces jours!
Bon retour avec ces rayons d'été (on peut toujours aller dans l'autre hémisphère non?). Bonne soirée
Comme j'aime te lire Gracianne. La définition des cuisinières qui ont préparé ces mets est tellement belle et vraie ! Sacré compliment :) Heureuse de te revoir chez toi.
Moi, le tutoiement m'a paru naturel :-)
Les tomates sont en train de blobloter avec l'huile d'olive, l'ail et le laurier : ça dégage un parfum dément... C'est le truc à te faire remplir tes placards de tomates en boîte. Sérieusement.
Tua s toute une équipe derrière toi, je vois ... Les photos des Tuileries (enfin, j'imagine ?) , est superbe ! les autres aussi sont très belles et je pique l'idée des courgettes à la menthe, pour finir !
Bisous et bonne journée
Hélène
Je suis jalouse de chez jalouse de cette tablée ! :(
Les photos de Marion que je vais voir souvent sont dignes d'un professionnel !
Je peux venir la prochaine fois ? Je peux ?!! Stppppppppppppp !
Cette façon conversée de raconter les recettes me plaît, comme les recettes elles-mêmes, toute l'ambiance du banc de causette en fait!
pfff ! j'ai l'impression d'avoir été obigée de traverser au moins 2 continents pour arriver jusqu'à toi ;
;)
en plus d'aimer te lire, tu nous livres ici une recette de frita fastoche différente de la mienne ;
à tester donc de toute urgence puisque j'en mangerais "sur la tête d'un pouilleux" ; j'adore cette expression, tu as remarqué ?
tes "petites mains" ont beaucoup de talent et de bonne volonté ; je pèse mes mots ;
ciao bella ;
Haaaaaaaa ! (gros soupir de satisfaction) :))
Très jolies toutes ces photos. Une invitation au voyage quel qu'il soit et en prime deux succulentes recettes. j'ai aimé ce que tu racontes !
J'ai bien rigolé avec le coup des photos ;-) et puis, ej veux le même bol que toi...il est assorti juste bien à tes tomates, miam, je suis sûre qu'il serait aussi assorti au chocolat et à la patate et à plein de choses en fait :-)
Miam, j'ai préparé des courgettes à la menthe hier soir pour les manger à midi, c'est un délice!!!
Ah merci d'etre passee le dire. Contente que tu les aies aimees, c'est effectivment la saison de ces salades toutes fraiches.
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