mercredi 30 mai 2007

Mon fond d'ecran


Pour Elvira qui voulait savoir ce qui habille notre écran. Je ne sais plus où j’ai trouvé cette image, elle s’intitule Clearing Autumn et me tient compagnie depuis quelques mois déjà. On peut y voir tant de choses.


Pour l’accompagner, un poème d’automne de Li Po, pas vraiment de saison, quoique aujourd’hui par ici, on se demande…

Air d’Automne

L’air d’automne est clair
La lune d’automne brillante
Les feuilles tombées se rassemblent et s’eparpillent
Le choucas se pose et tressaille à nouveau
Nous pensons l’un à l’autre, quand nous verrons nous?
A cette heure, en cette nuit, mes sentiments sont troublés

lundi 28 mai 2007

Sorbet orange et Kitchen Diaries



J’ai reçu d’une amie que j’aime, et qui me connait par cœur, The Kitchen Diaries de Nigel Slater. Je me méfie un peu des livres de chefs médiatiques, pourtant la découverte de ce livre est une pure joie. Délicieusement écrit sous la forme d’un journal culinaire, il décrit des plats simples qui rythment les saisons et s’adaptent aux humeurs du moment.

Je ne sais pas s’il est publié en français, mais je voulais en partager avec vous quelques lignes extraites de l’introduction (Mr. Slater me pardonnera mes erreurs de traduction…)

« Le bon aliment, au bon endroit, au bon moment. C’est, je crois – et c’est là tout le sujet de ce livre – la meilleure recette de toutes. Un sandwich au crabe au bord de la mer un après-midi de juin ; une tranche d’oie rôtie accompagnée de compote de pommes et de pommes de terre au four le jour de Noël ; des saucisses bien chaudes et un morceau de potiron rôti un soir de novembre enluminé de givre.
Ce sont là des repas dont le succès ne dépend pas de la maitrise du cuisinier, mais du simple fait qu’il s’agit de la nourriture du moment – mangée au moment qui lui convient le mieux, celui auquel les ingrédients sont au faîte de leur perfection, quand le plat, le cuisinier et le moment de l’année sont à l’unisson.
Il y a quelque chose de profondément, d’inébranlablement juste dans le fait de manger des aliments de saison : des haricots frais en juin, des sardines grillées par une étouffante soirée d’août, un bol de ragoût délicatement aromatique un jour pluvieux de février. Oui, il s’agit de la qualité des ingrédients, de leur provenance et de la façon dont ils sont cuisinés, mais la meilleure dégustation vient aussi du fait qu’elle est faite au bon moment.
Je crois, par exemple, que c’est par un froid après-midi de janvier qu’il faut faire du pain d’épices. C’est alors que je l’ai fait et nous avons passé un bon moment. Cela semblait juste. C’est pour cela que je vous le suggère, comme je vous offre un cheese-cake pour Pâques, un curry pour une froide soirée d’avril et une compote de groseilles à maquereau pour un après-midi de juin.
Il s’agit de saisonnalité, certes, mais aussi de se laisser porter par le courant, de cuisiner au rythme naturel de la terre. »

Nigel Slater proposait un sorbet à l’orange pour le 23 avril. Je l’ai fait par une chaude journée de mai, j’avais trouvé de belles oranges.


Sorbet à l'orange

Ingrédients
  • 250g de sucre en poudre
  • 250ml d’eau minérale
  • zeste de 2 oranges
  • 750 ml de jus d’orange (environ 6-8 oranges non traitées)
  • Jus d’un citron

Faire fondre le sucre dans l’eau à chaleur modérée. Y verser le zeste d’orange et laisser refroidir.
Filtrer le sirop refroidi. Y verser le jus d’orange et le jus de citron. Mettre le mélange à refroidir au réfrigérateur au moins une heure. Le verser dans la sorbetière et turbiner environ 20 minutes.
Je l’ai servi dans des demi-écorces d’oranges, bien nettoyées.

P.S: Pour répondre à la question de Patatafrita, je ne sais pas ce que ça donne exactement en quantité de sorbet, je n’ai pas mesuré, mais j’ai rempli 8 demi oranges et il en restait encore un peu.

vendredi 25 mai 2007

Pizza Connection



Cette pizza aux pommes de terre, j’adorais l’acheter à la coupe sur le Viale Trastevere à Rome. On en emportait de grosses parts carrées bien emballées dans du papier blanc, à déguster à la maison, avec un verre de vin blanc tout frais des Castelli Romani.

Ca me manque…

Si l’histoire de la pizza vous intéresse, je vous invite à écouter une interview sur France Inter de Sylvie Sanchez, chercheuse au CNRS qui a publié récemment une thèse intitulée: Pizza connexion, Une séduction transculturelle. Comme quoi, certains ne se contentent pas de les manger.





Pâte
13 cl d'eau
1 cc de sel
2 cs d'huile d'olive
225 g de farine T55
1 sachet de levure de boulanger

Machine à pain programme pâte - 1h10.

On peut la faire à la main, en pétrissant longuement (environ 15 minutes), puis en laissant reposer sous un torchon, au tiède, pendant 1 heure. Une fois la pâte levée l'étaler sur un carré de papier sulfurisé fariné. On doit avoir une grande pizza assez fine. Préchauffer le four thermostat 8 (pour moi 220°C/cuisson combinée)

Garniture
2 cs de sauce tomate fraiche
1 boule de Mozzarella (125g)
3 pommes de terre moyennes
1 saucisse de Toulouse
romarin frais

Faire précuire les pommes de terre à l’eau dans leur peau environ 10 minutes. Laisser refroidir.
Eplucher les pommes de terre, les couper en tranches très fines.
Etaler sur la pâte une mince couche de sauce tomate (on peut très bien s’en passer), puis la mozzarella coupée finement. Disposer les tranches de pommes de terre bien serrées. Oter la peau de la saucisse et l’émietter sur la pizza. Ajouter des brins de romarin frais et un filet d’huile d’olive.
Enfourner pour environ 10 minutes.

dimanche 20 mai 2007

Sunday brunch in Théméricourt

Le dimanche est un jour paresseux. Le seul de la semaine où je peux me lever tard, glander un peu en pyjama, décider tout doucement du déjeuner qui va suivre. Bref, une vraie journée quoi...

Notre amie Rosa nous demande de lui montrer nos brunchs du dimanche. Chez nous c'est rare. On serait plutôt petit-déjeuner léger et gros repas dominical vers 2-3h de l'après-midi. Mais ce jour là, un beau dimanche ensoleillé d'Avril, nous étions neuf adultes, enfants et ados affamés attablés autour d'un brunch dominical satisfaisant au possible.

Pour commencer, oeufs, bacon, tomates, champignons, saucisses Cumberland et baked beans. Avec les toasts qui vont bien (vous commencez à me connaitre).


Pancakes façon Estelle et Dorian pour suivre, arrosés d'une quantité phénoménale de sirop d'érable - c'est fou ce que ça boit ces trucs là.
Pour faire glisser, du café bien fort et des jus de fruit.

Pancakes de Dorian (copié-collé)

250ml de farine – 1 sachet de levure – 2 càs de sucre en poudre – 1 grosse pincée de bicarbonate – 150 ml de lait additionné d'1 càs de citron/ou lait ribot – 1 œuf – 30g de beurre
Mélangez dans un bol la farine, le sucre, et le bicarbonate. Ajoutez l'œuf, le lait qui a dû tourner sous l'effet du citron et le beurre. Mélangez bien. La pâte, peut se préparer à l'avance, soit la veille au soir. Si la pâte est trop épaisse, rajouter éventuellement un peu de lait, pas trop, il faut que ça soit relativement épais. Ensuite dans une poêle chaude avec un peu de beurre ou d'huile on fait des petits tas de pâte, on retourne quand c'est bien doré et on sert avec moult sirop d'érable si on aime (ou du Golden Syrup, c'est bien aussi).

Petite salade de fraises, mangues, pommes et quartiers d'oranges, baignée d'un sirop léger dans lequel avaient infusé un dé de gingembre frais et du poivre long. On ajoute quelques feuilles de menthe du jardin et on laisse tout ça macérer au frais quelques temps avant de servir.

Une tarte Bourdaloue, apportée par mon amie Isabelle, et dont les enfants avaient déjà entrepris de goûter le dessus.
Après tout ça, on s'approchait dangereusement de l'heure de l'apéro...

Quoi vous avez encore faim?

Penglobe, Hélène, Gato Azul, à vous la balle!

mercredi 16 mai 2007

Fashion brioche

J’avoue, je suis une fashion victim, une culino-fashion victim même. J’ai réalisé ça soudainement l’autre jour, quand Cathy me l’a fait remarquer, à cause de ma passion affichée pour les canneberges.
Mais elle est un peu responsable aussi! C’est elle qui m’envoie lui faire des courses dans des lieux de perdition totale, tel le Lafayette Gourmet. Cette fois là il s’agissait de trouver de l’huile d’amandon de pruneaux, repérée chez Esterelle. J’ai trouvé sans problème, ainsi qu’une quantité d’autres choses auxquelles j’ai courageusement résisté. Je m’en suis bien sortie: juste une tartelette au yuzu de Sadaharu Aoki et une deuxième bouteille d’huile d’amandon de pruneaux pour moi.



J’aime l’odeur, le goût de l’amande amère. L’odeur de la colle blanche de l’enfance. Cette huile a exactement cette odeur, en moins synthétique.
J’avais repéré depuis quelques temps la brioche à l’huile d’argan de Mercotte. Je me suis imaginé l’odeur que cette brioche pourrait avoir avec de l’huile d’amandon. Et puis j’avais reçu de Vanessa du cédrat qu’elle avait confit elle-même, un petit trésor de douceur acidulée-amère, qui ne demandait qu’à parfumer une brioche.

Résultat? Sans conteste la meilleure brioche que j’ai jamais faite. Moelleuse, délicieuse, parfumée, la croûte dorée presque feuilletée. Elle se conserve très bien. Mais de goût d’amande amère, point, ou à peine. Le délicieux parfum s’est envolé à la cuisson. Elle serait certainement tout aussi bonne avec une huile d’olive de qualité. Il faut que j’essaie l’huile d’argan.

Ceci dit, je ne suis pas fachée d’être une fashion victim. L’huile d’amandon parfume delicieusement une salade de fraise, avec un soupçon de vinaigre balsamique. Et je dois remercier mes inspiratrices pour la première brioche que je réussis aussi bien.

Brioche à l’huile d’amandon et au cédrat confit

pour un grand moule à cake style téfal.

30g de lait frais entier
20g d'huile d'amandon
2 cc de levure déshydratée (1 sachet)
200g de farine de gruau ou à défaut de T45
1 pincée de sel, 25g de sucre
130g d 'oeufs légèrement battus
200g de beurre tempéré en petits dés
2 cs de cédrat confit coupé en petits dés et fariné

J’ai travaillé cette pâte en machine à pain. Si vous pétrissez à la main, elle est très molle et je vous conseille de bien vous fariner les mains.
Mettre les poudres dans la machine à pain, y ajouter le 1/3 des oeufs puis la levure diluée dans le lait et l'huile. Pétrir en ajoutant le reste des oeufs. Continuer à pétrir jusqu'à ce que la pâte se décolle. Incorporer alors le beurre petit à petit, puis les dés de cédrat. Continuer à pétrir et attendre que la pâte se décolle des parois. Il est préférable de prendre son temps et de pétrir longtemps. Filmer au contact et laisser pousser à T° ambiante environ 1h30. Rabattre la pâte, la diviser en 4 pâtons, et les mettre côte à côte dans le moule. Dorer une première fois et laisser à nouveau pousser jusqu'à la hauteur du moule. Dorer et décorer avant d'enfourner 20mn à 200°.

dimanche 13 mai 2007

Brighton - West Sussex - England

A lazy Saturday afternoon on the beach.


Home! Who has never woken up slowly on a Sunday morning, to the lovely smell of toasted bread, baked beans and fried bacon and eggs drifting from the kitchen, cannot understand what I mean.


Sunday afternoon in Ditchling. A country pub, exactly what we needed.


A good pint of Landlord ale, lovely fruity taste. Thanks Tim!


Haddock in a beer batter, chips and minty mushee peas. England.



Thank you so much dear friends, for this lovely weekend. Exactly what we needed at the time. Beware, we'll be back.
In the meantime, if you feel like a taste of France, a nice barbecued côte de boeuf for example, you are more than welcome in Théméricourt.

vendredi 11 mai 2007

La 4 fromages du vendredi

La pizza 4 fromages: une des plus simples et une de mes préférées. Celle que je commande toujours au restaurant, en alternance avec la pizza au Gorgonzola.
Si simple et si classique qu’il est presque gênant d’en donner la recette. Mais elle fait incontestablement partie de ma collection de pizze.

Pâte
13 cl d'eau
1 cc de sel
2 cs d'huile d'olive
225 g de farine T55
1 sachet de levure de boulanger

Machine à pain programme pâte - 1h10.
On peut la faire à la main, en pétrissant longuement (environ 15 minutes), puis en laissant reposer sous un torchon, au tiède, pendant 1 heure. Une fois la pâte levée l'étaler sur un carré de papier sulfurisé fariné. On doit avoir une grande pizza assez fine. Préchauffer le four thermostat 8 (pour moi 220°C/cuisson combinée)
Garniture
2 cs de sauce tomate fraiche
1 boule de Mozarella (125g)
60g de Comté
50g de Cheddar
50g de St Agur (ou bleu ou roquefort)

Couper la Mozarella en petits dés. Emincer finement le Comté et le Cheddar (le couteau économe est très pratique pour ça).
Etaler une fine couche de sauce tomate sur le fond de la pizza (c’est en option, on peut très bien ne pas en mettre). Ajouter les fromages mélangés puis émietter le morceau de Bleu.
Enfourner pour environ 15 minutes.
Pour info, j’utilise une pierre à pizza que je préchauffe en même temps que le four. Ca permet de cuire les pizze plus rapidement. Bien sûr on n’obtient jamais le même résultat que dans un four à bois, mais c’est quand même tout à fait acceptable.

mercredi 9 mai 2007

Rose

Il n’y a pas beaucoup de rose dans ma cuisine, beaucoup plus dans mon jardin, mais j’avais envie de participer à cette chaine rose lancée par notre amie Requia, pour soutenir le blog de Sophie Kune, Femmes avant tout. Sophie s’adresse aux femmes atteintes d’un cancer. Le sous-titre de son blog dit tout : “Mieux vivre sa féminité dans la maladie”.

Je n’ai pas grand chose à vous donner, juste une pivoine du jardin et une simple glace aux fraises. Mais je voulais vous dire, à vous qui êtes atteints de cette saleté, que vous êtes dans la vie, avec nous. Que peut-être vous n’avez pas le goût ni l’envie de manger en ce moment, mais que vous le retrouverez. Que nous sommes là pour partager, nous qui ne sommes pas encore malades, et qu’il faut parler avec nous. Il se peut que nous ayons l’air un peu distants quelquefois, mais c’est parce que nous avons peur. Une initiative comme celle de Sophie, et bien d’autres je suppose, peut nous aider à sortir de cette peur du dialogue. Et le relai de Requia sur les blogs de cuisine nous permet de partager ces petits moments de douceur avec vous. Bon courage.


Glace aux fraises
500g de fraises mûres (des bonnes…)
100g de sucre
300 ml de crème fraiche
jus d’un citron

Mixer ensemble tous les ingredients jusqu’à une consistance très fine. Réserver au frais pendant 2 heures afin que le mélange soit bien froid. Verser dans la sorbetière et turbiner pendant environ 20 minutes.

lundi 7 mai 2007

Ferme de la Vauzelle

Complètement séduite par la beauté brute des lieux.

Et par la table généreuse de nos hôtes. Le houmous avait une fraicheur authentique.


Le tabouleh persillé réveillait les papilles.

Le marbré très chocolaté était aussi moelleux que le suggérait ses rondeurs.

E. est français, né au Liban. J. est une citoyenne du monde de nationalité allemande. Leurs enfants sont des gamins du Vexin. Il faisait beau ce dimanche là sur la campagne.

vendredi 4 mai 2007

C'est vendredi, c'est pizza!

Au début, il y a fort longtemps, le vendredi c'etait pizza surgelée. On les a toutes essayées je crois. Pas mauvais, mais sans plus. Et puis, comme on était en manque de pizza italienne, on a essayé les préparations pour pâte à pizza. Pas mauvais, mais sans plus.

Un jour est venue la machine à pain, et la première pâte maison. Une révélation. Enfin de la vraie pizza, avec une bonne pâte bien moelleuse et craquante, étalée fin comme je l'aime. Depuis, le vendredi, c'est toujours pizza et c'est nettement plus de travail. Mais impossible de faire autrement, c'est devenu un rituel, l'indispensable pique-nique du vendredi soir devant la télévision. Du coup, la première chose que je fais quand je rentre c'est de mettre tous les ingrédients de la pâte dans la machine à pain. C'est devenu presque un automatisme, à peine si je m'émerveille encore de la voir lever si bien. Désolée Sandra, je ne pétris pas à la main, j'ai pas mal de choses à faire le vendredi en rentrant du boulot, prendre l'apéritif par exemple...

Alors, à force d'en faire comme ça toutes les semaines depuis deux ans, je me suis dit que je devrais peut-être en publier quelques unes. Le vendredi.

Pizza à la Libanaise

Pâte:
  • 13 cl d'eau
  • 1 cc de sel
  • 2 cs d'huile d'olive
  • 225 g de farine T55
  • 1 sachet de levure de boulanger
Machine à pain programme pâte - 1h10
On peut la faire à la main, en pétrissant longuement (environ 15 minutes), puis en laissant reposer sous un torchon, au tiède, pendant 1 heure.

Une fois la pâte levée l'étaler sur un carré de papier sufurisés farinés. On doit avoir une grande pizza assez fine.
Préchauffer le four thermostat 8 (pour moi 220°C/cuisson combinée)

Garniture:
  • 400g de viande hachée
  • 1 oignon émincé
  • 1 gousse d'ail émincée
  • 1 cc d'origan
  • 1 cc de cumin
  • 1 cc de sumac
  • 1 pincée de piment d'espelette (ou plus si affinités)
  • sel, poivre
  • 1 petite boite de sauce aux tomates fraîches Buitoni (95g)
  • 2 boules de mozzarella de 125g
  • 1/2 poivron rouge ou jaune émincé
Faire revenir l'oignon dans un fond d'huile d'olive. Ajouter la viande hachée et faire revenir rapidement. Ajouter la sauce tomate, l'ail et les épices. Bien mélanger et réserver.

Etaler la garniture à la viande sur le fond de pâte puis la mozzarella coupée en petits morceaux et le poivron émincé. Enfourner pour environ 15 minutes.

mercredi 2 mai 2007

Les 4 livres de Maloud

Vous connaissez certainement déjà Maloud. C’est une des rares lectrices qui soit sortie de son anonymat pour laisser des commentaires, souvent pertinents, sur un certain nombre de nos blogs. Notre “étrangère sans blog”, comme elle le dit elle-même, m’honore aujourd’hui de sa confiance en me donnant un texte sur les livres qui ont accompagné sa vie. Je la remercie d’autant plus que, venant d’une autre culture, elle nous ouvre d’autres perspectives et de nouveaux horizons de lecture.
Je la laisse parler, dans le joli français qui est le sien.








25 de Abril
Esta é a madrugada que eu esperava
O dia inicial inteiro e limpo
Onde emergimos da noite e do silêncio
E livres habitamos a substância do tempo

Sophia de Mello Breyner Andresen




Tu connais le Crayon Bleu? Non, Gracianne, tu connais des crayons bleus. Le Crayon Bleu était l’instrument de la censure sur la presse et la littérature. La « loi » donnait à des colonels souffrant d’analphabétisme fonctionnel le pouvoir discrétionnaire de le manipuler. Tous les articles des journaux, tous les livres avant d’être publiés étaient revus par "la Commission Nationale" de Censure qui a été baptisée d’Examen Préalable, quand notre «sauveteur » est tombé de la chaise. Il y avait des fous qui osaient échapper à ces défenseurs patriotiques et publiaient des livres qui pourraient corrompre le bon peuple portugais. Mais personne ne trompait ces fonctionnaires zélateurs et tout de suite ils visitaient les éditeurs et les libraires et vidaient les étagères honteuses. Un jour tout ce monde s’est effondré. Et nous, ingrats, nous ne nous sommes pas précipités vers les librairies. Nous étions les acteurs de la plus belle pièce de notre Histoire qui se jouait dans les rues. Et pendant presque deux ans on a vécu dehors. L’avantage du sud et de la jeunesse. Quand le rideau est tombé, j’ai recommencé à lire.

les 4 livres de mon enfance


Je ne savais pas lire et j’écoutais ces histoires universelles de Cendrillon, Blanche de Neige, Petit Pouce … et je les suivais sur les livres avec des couleurs merveilleuses. Quand j’ai appris, je lisais les journaux, car je connaissais tous mes livres par cœur. Lire le journal c’était lire le monde, car mon père m’expliquait les entrelignes. Mon premier livre a été O Rapaz de Bronze écrit par Sophia de Mello Breyner Andresen, poétesse portugaise, qui en 74 a publié le plus beau poème sur le 25 Avril. Mon père était un de ses fidèles et m’a encore offert Fada Oriana et Menina do Mar. Déjà adolescente j’ai lu d’autres histoires pour enfants et les miens ont grandi lisant Sophia. Je crois qu’elle est traduite et je recommande vivement. Mais je voulais lire adulte et chez-nous il y avait une bibliothèque où figuraient beaucoup d’œuvres proscrites {connaître des libraires donnaient des fruits}. Et là, j’ai fait la connaissance avec Eça de Queiroz, écrivain portugais réaliste, quelques néo-réalistes {la plupart étaient interdits} et Jorge Amado, écrivain brésilien. Encore enfant j’ai eu le premier contact avec le français. Et j’étais bonne élève. Pour me stimuler on m’a offert le Petit Prince et Poil de Carotte. J’ai lu peut-être deux pages du Petit Prince et j’ai dévoré Poil de Carotte. À 14 ans j’ai découvert ce monstre détesté de tous les étudiants portugais, Luís de Camões et c’était le coup de foudre. Encore aujourd’hui il m’accompagne. Oups! Je ne peux pas parler de Tolstoi, ni de Dostoyevsky, ni de Carlo Levi... Dommage!

les 4 écrivains que je lirai et relirai encore

Orwell à mon avis devaient figurer obligatoirement sur touts les programmes d’enseignement, sinon un jour 2+2=5. Les premiers Milan Kundera m’ont fasciné. Il y a deux ou trois années j’ai eu ma période Malouf et pour m’aider à comprendre la haine je suis tombé sur Le Jardin de Badalpour de Kenizé Mourad. Mais il y a un auteur portugais que je mets au sommet. Non, ce n’est pas le Nobel Saramago. Il est intéressant, mais prévisible. C’est António Lobo Antunes. Il est traduit partout. Pauvres traducteurs !

les 4 auteurs que je n’achèterai ou n’emprunterai probablement plus

Michel Houellebecq, Agustina Bessa Luís {elle existe en français} et Paulo Coelho. Les deux premiers j’ai déjà lu. Agustina est une femme intéressante, très lucide et ironique, mais son style m’agace un peu. Houellebecq adore choquer, mais je n’aime pas qu’on me pousse. Paulo Coelho je n’ai jamais lu. Les sujets de ses livres ne m’intéressent pas. Et encore Somerset Maugham, car on ne le lit qu’une seule fois et j’ai lu tous ses livres.

les 4 livres que j’emporterai sur une île déserte


Les œuvres complètes de Camões, Eça de Queiroz et António Lobo Antunes. Je triche, mais je ne veux pas me suicider. Et toute la saga Boussardel de Philippe Hériat. Ça c’est le choix le plus personnel. Les Boussardel c’est ma famille, sans le sens d’humour et quelques folies. Mes cousins plus âgés m’appellent Enfant Gâtée. Comme ça. En français.


les 4 {X 4} derniers mots d’un de mes livres préférés


« …vers les vignobles du Piémont, et cet avenir mystérieux d’exil, de guerre et de mort qui alors m’apparaissait à peine comme un nuage dans le ciel sans limites » Carlo Levi « Le Christ s’est arrêté à Eboli »

les 4 premiers livres de ma liste de livres à {re}lire

Le dernier, traduit en portugais, de Philip Roth {j’ai commandé et je ne me rappelle plus du titre}, « Expiação » de Ian Mcewan, « O Livro de Hitler » Henrik Eberle et Mathias Uhl {orgs.} et « A República dos Corvos » José Cardoso Pires {le seul que je n’ai pas lu de ce merveilleux écrivain mort il y a peu d’années}

les 4 lecteurs {de Gracianne} dont j’aimerais connaître les 4

Mamina, Senga, Claude-Olivier et Elvira qui ne me pardonnera jamais ne pas citer Pessoa.