Massimo avait passé une nuit exécrable. Il faisait chaud cette nuit là, le ronronnement du ventilateur au plafond, qui ne remuait que de l’air chaud, l’avait empêché de dormir une partie de la nuit. Puis les voisins, qui s’engueulaient, comme d’habitude, le bébé hurlait. Il s’était assoupi au petit matin, pour être réveillé par le chat qui voulait sortir – mais pourquoi est-ce qu’on s’oblige à vivre avec ces bestioles ? – puis par les marchands qui commençaient à déballer à l’aube, installant les stands du marché aux puces de Porta Portese. Là encore, qu’est-ce qui avait bien pu le pousser à choisir un appartement situé au cœur du marché aux puces ? Sûrement, il avait dû le visiter un jour de semaine.
Et puis le téléphone, insistant. Le crime avait eu lieu dans un de ces appartements huppés, en terrasse, adossé aux pentes du Gianicolo. La police scientifique était déjà sur les lieux. De là haut, sûrement, on devait voir jusqu’à l’Aventin. Peut-être même jusqu’au petit jardin d’orangers à côté de Santa Sabina. Il devait faire bon là-bas, ce matin.
Mais pour Massimo le dimanche était foutu. Dire qu’il aurait pu être à Fregene, comme tout le monde, à écouter le match à la radio en regardant les filles se balader en se tenant par la main sur la plage. Non, il fallait y aller.
Dehors, sur le Viale Trastevere, tout le monde marchait d’un seul côté, à l’ombre des platanes immenses. Il passa à côté du petit restaurant de quartier, les tables sous la tonnelle désertes à cette heure matinale. Par la fenêtre, on apercevait la grande fresque du Vésuve en éruption, dans la salle. Le menu du jour annonçait des Saltimbocca a la romana, accompagnées d’un contorno d’épinards juste tombés à l’huile d’olive et aux échalottes. Il décida de repasser par là pour le déjeuner.
Saltimbocca a la Romana
(ou sautes-en-bouches à la Romaine)
- 300g de médaillons de veau
- 80g de jambon de Parme dégraissé (coupé en tranche très fines, ou « sottile », subtiles, comme disent les italiens, y a-t-il au monde une langue plus belle ?)
- 24 feuilles de sauge
- 20g de beurre
- Huile d’olive
- Sel
- Poivre
- Bâtonnets
- 1 dl de marsala
Compter 6 tranches de veau très fines par personne et une tranche de jambon par saltimbocca. Découper les tranches de jambon à la taille des saltimbocca. Fariner les médaillons et les saisir rapidement de chaque côté, dans le beurre et l’huile. Poivrer. Disposer une feuille de sauge sur chaque tranche, puis une tranche de jambon, et maintenir à l’aide des bâtonnets.
Dans la même poêle, saisir de nouveau les saltimbocca de chaque côté 1 mn. Saler peu et ajouter le marsala. Laisser évaporer 1 mn et servir immédiatement les saltimbocca nappés de sauce.
Recette tirée de "Cuisine Toscana a Villa Gamberaia" de Camilla Zalum, Ed. Noêsis, un de mes bouquins préférés.
34 comments:
Tout ce qui est Italien, j'en veux.
j'aime beaucoup faire cette recette, j'ai d'ailleurs planté exprès de la sauge dans le jardin pour pouvoir la faire;
Je serai bien restée à Porta Porteses, moi!
Vous y metter pas du parmesan? moi j'y met une petite tranchette fine, c'es plus moilleux.
Gracianne cela à l'air très bon ...Récit merveilleux.gros bisous et bonne semaine.
Hummmmmm
En te lisant au début, avant de t'accompagner en Italie, j'étais plongée à Macao à cause d'une vieille chanson de l'Orchestre du splendid :
L'énorme et vieux ventilateur
Essayait d'brasser l'air lourd d'odeur
On aurait pu palper la peur
Dans une aussi épaisse moiteur
(http://www.paroles.net/chansons/17779.htm)
Quel moment merveilleux, j'adore être prise ainsi au débotté, au moment où je m'y attends le moins par tes billets... celui -ci a tiré droit au but (contrairement à une certaine équipe tricolore, peu douée semble -t-il!! ;-)), mais laissons les bleus là où ils sont et profitons plutôt de ces jolies lignes!!)
Je me suis retrouvé plongé dans mes souvenirs des enquêtes de mon privé préféré, l'improbable, catalan et dévoreur Pepe Carvalho, le personnage du regretté Montalban avec qui j'aimais me perdre dans les nuits et les restaurants espagnols !!! Et du coup je me dis que j'en lirais bien un de nouveau... en mangeant des saltimboccas ! Gracianne tu provoques l'imagination et les papilles !!! encore !!!
Quant à la langue… presque aussi belle… l'espagnol ,-)! Presque, mais je suis parti pris !
Je veux bien commettre le crime de planter ma fourchette dans une saltimbocca sans y être invitée.
Et la recette des contorno d'epinards, ou est-elle?!
Ah Mamina, comme on se comprends!
Choupette, moi aussi j’ai planté de la sauge au jardin rien que pour les faire, j’en trouvais rarement dans le commerce. C’est vrai que nous cuisinons peu à la sauge en France, pourtant c’est si bon.
Hélène, on pourra peut-être y retourner un de ces jours, on verra ce que l’inspecteur Massimo décide.
Non Mourmelont Ginette, dans cette recette il n’y a pas de fromage, et c’est suffisamment moelleux, probablement parce que les morceaux de veau sont farinés et cuits très rapidement.
Colette, c’est très bon, j’en raffole. Bonne semaine à toi.
Anne merci pour la chansonnette. Moi aussi le ventilo au plafond me ramène toujours à l'Asie, aux ventilos mal accrochés qui brassent de l'air moite en faisant un bruit infernal. Ce n'est pas un cliché, ca existe vraiment. Tu m’as mis des images plein la tête.
Alhya, c’est gentil ce que tu me dis là, la comparaison est drôle. J’ai toujours préféré les polars au football.
Dorian, je suis flattée mais il ne faut quand même pas exagérer, Montalban était une pointure. J’ai fait ça pour m’amuser, pour voir ce que ça donnait, mais je n’ai aucune idée de la suite de l’histoire. Quant à la langue, tu pourrais bien avoir raison, disons à égalité alors, dans des registres très différents.
Ah, Mijo, cruelle!
Mimine, “contorno” ça veut dire accompagnement, en général des légumes. Tu sais que les italiens mangent en général la viande seule, après les antipasti et les pâtes. Là ce sont des épinards frais, nettoyés, essorés, et revenus dans un fond d’huile d’olive avec une échalotte émincée. Salés, poivrés et servis dès l’eau complètement évaporée.
Un vrai plaisir que de te lire, on regrette seulement que ça se termine si vite ! J'étais dans un polar et j'avais oublié le blog culinaire.
Ta recette est particulièrement sympathique !
Et bien moi, je dis: "Je veux bien connaître la suite!!". Un polar si bien écrit, avec des recettes aussi alléchantes, j'achète de suite!! Encore une fois, ce post est une merveille (et pourtant, si on regarde bien, c'est rien que des petits mots de rien mis à côté les uns des autres!??!!) C'est fou, non, le pouvoir des mots...
J'adooooooooooooooooooooore ton article, gentille Gracianne, mais tu veut que je te dise? L'italien est beau à entendre, certes, mais à mon humble avis, toutes les langues sont jolies quand elles sont parlées avec passion...
Bizs portugaises
Zaza kéoportugalnananèreeeeeeeeeee
Yipeeeeeee! Ta recette! À moi les vraies saltimbocca! Je vais dépouiller ma sauge et en faire tout un menu avec nos carcioffi alla giudia en amuse-bouche, la pasta au burosalvia d'Esterelle en primo piatto et tes saltimbocca en secondo piatto. Manque plus que le dessert. Il va falloir réfléchir à la question. Ah, que je suis contente, merci, chère Gracianne.
Mais enfin, ce qui me sidère, presque plus que les saltimbocca sauf que rien n'est ausi fou qu'une recette comme celle-là, écoute, là, c'est ce polar ! Un éditeur va te débusquer. Tu vas devoir changer de carrière (à moins que tu ne sois déjà auteur de polars? Gracianne, en vrai, es-tu Fred Vargas?)
Je te soupçonne d'abuser dans les trains que tu fréqunetes de de ces polars écrits par des auteurs anglo-saxons qui se passent dans de belles villes italiennes, et dont l'intrigue a nettement moins de charme que leur passion amoureuse pour la bouffe italienne. Ah, ces déjeuners détaillés des inspecteurs, commissaires et autres dans les diverses trattorias qui jalonnent leurs enquêtes ou chez leur chère épouse et bonne mamma (Paola Brunetti, femme fantasmatique de tout bon vivant, tu te reconnaîtras!) Ian Pears, Donna Leon, tout ça. Sauf que tu écris mieux et que le dépouillement de la plume emprunterait plutôt à raymond Chandler décrivant un Phlip Marlowe. Sauf que Marlowe, il ne se fait pas des saltimbocca. C'est plutôt le genre à carburer au liquide.
Anyway, Gracianne, tu ne nous laisse pas en plan comme ça. La suite demain !!!
Oh Gracianne, tu nous emportes à chaque fois! Merci pour cette délicieuse recette!
Avec tes billets c'est dépaysement garanti, on s'y croirait! Merci pour ce récit et la recette :)
Le plus slurp et évocateur des appels du 18 juin. Chapeau bas.
J'en aurais bien fait mon repas de ce midi !
MarieT, ben non en fait, c’est un blog culinaire, enfin, on essaie, parce que des fois ça dérape.
Esterelle, je ne savais pas que c’était une secte, en fait je ne savais même pas qu’il existait des saltimbocca au fromage. Des polars culinaires, tu crois, est-ce bien raisonnable?
Franchement Véro, sérieux? Tu crois que ça pourrait devenir un genre littéraire? Je ne suis pas contre en acheter un pour voir, mais l’écrire, il y a du boulot….Les mots, c’est comme la cuisine, il faut bien réfléchir avant d’assembler les ingrédients, et puis faire des essais, effacer, recommencer.
Salut Zaza, qui même au Portugal, n’a pas résisté à l’attraction des blogs. Tu veux que je te dise, toutes les langues sont belles à partir du moment où on aime passionnément ceux qui les parlent. Bonne suite de vacances.
Mais non Christine, je ne suis pas Fred Vargas! J’aimerais bien, elle fait partie de ceux qui écrivent de bons polars, j’aime bien Chandler aussi d’ailleurs. Je voulais juste te faire un clin d’oeil pour les saltimbocca et en faire un en même temps à la littérature policière, comme ça, pour voir si je pouvais transformer mes souvenirs en un petit bout d’histoire. En fait, je ne suis pas très amateur de polars, bien que j’en lise aussi, je lis tout ce qui me tombe sous les yeux. Je remplis mes longues heures de train de banlieue de bouquins de SF ou d’Heroic Fantasy. En ce moment c’est la saga “A song of Ice and Fire” de George R. Martin, plus il y a de gros volumes écrits petit et plus ça me rassure, il me faut des histoires qui n’en finissent pas. Avant ça c’était les Robin Hobb, ou bien Harry Potter. Et l’hiver, quand ça ne va pas bien, je reprends Le seigneur des Anneaux. Il me faut des chevaliers, des elfes, des dragons et de la magie pour me sentir bien. Mais un roman d’Heroic Fantasy culinaire, ça j’ai un peu du mal à imaginer…Quant à la suite, désolée, mais j’ai du repassage à faire moi :)
De rien Clairechen, je suis ravie quand ça marche, je crois en la téléportation.
Marie, merci, je suis toujours contente de t’emmener en voyage.
Estèbe, vous ici! Bienvenue, mais quel rapport avec le Général?
Oui Coco, moi aussi, mais il n’y a pas eu de restes.
En un mot:MERCI!Le récit,la recette,l'Italie...tout est dit si formidablement!
On s'y croirait! Je sens l'ambiance tout autour! Et quelle recette! Bravo!
Merci! J'ai la recette plus de meilleures notions d'italien!
Quant au roman d'heroic fantaisy culinaire, je trouve que c'est une bonne idee... que penses-tu de la recette des crottes de troll en souffle? ;)
Je crois que tu peux abandonner ton métier actuel pour devenir écrivain culinaire ! en attendant j'aimerais bien avoir de la sauge dans mon jardin , moi !
hé hé, superbement raconté ! Et quelle recette ! elle me convient puisque le jambon de Parme est dégraissé ;-) !
Tiens c'est marrant, j'aiprévu un saltimbocca également cette semaine....
mais avec du fromage pour nous.
Du moins, c'est la recette que j'ai toujours connue jusque-là.
Mais je me régale d'avance en voyant le tien ...mmmm Quelle phot appétissante et ce n'était pas gagné d'avance car, il faut l'admettre, la photogénie du plat n'est pas toujours...hum optimale. ;o)
Biz
Jdois l'avouer, jsuis assez inculte en cuisine italienne. Jamais entendu parler de ces petites douceurs. A essayer d'urgence dc évidemment!
Moony, merci à toi d’être venue lire.
Béa, merci, recréer l’ambiance autour du plat, c’était l’idée, je suis contente que ça ai fonctionné pour toi.
Mimine, je ne suis pas sûre que la recette que tu proposes soit la plus goûteuse, tu as d’autres idées comme ça?
Cathy, c’est sympa, encore faudrait-il que j’ai du temps pour me rendre compte si je saurais le faire, il y a loin d’un simple paragraphe à un livre. Et puis l’écriture ne fait pas vivre sa femme. Quant à la sauge, c’est du vrai chiendent, plantes en un pied, elle pousse partout.
Leeloo, toujours en conflit avec Adipocyte Bourrelet à ce que je vois! Mais je dois t’avouer quelque chose, le jambon, je ne l’ai pas dégraissé, j’;aime trop ça le gras de jambon grillé….
Tiens, Thalie, tu mets du fromage toi aussi, comme Christine? C’est étrange que je n’en ai jamais entendu parler avant. Il faudrait que je goûte pour voir la différence. Ce n’est pas étonnant que tu aies envie d’en faire en ce moment, la sauge est si belle.
Adriano, alors tu écris d’où en ce moment? Toujours au Mexique ou déjà de retour en France?
C'est vrai qu'on s'y croirait...les saltimbocca, quel bonheur ! Du coup, promis, j'abandonne Dalida et ne chanterai pas "Gigi".
Ps : je peux interpréter quelques succès des Clash ou des Pistols, pour ceux qui préfèrent ;-))
chère Gracianne,
je ne t'oublie pas mais suis par monts et par vaux cette semaine...et sans ordi
Alors à ce week end
Bises
"Zorglub avait toujours un peu la nausée dans ses trajets de R.Y.R. qui l'emmenaient au F.X.N.K.W., chaque matin. Il se demanda s'il n'aurait pas dû éviter de reprendre deux fois ce plat de ziltinbakkrounsk la veille au soir..."
Salut Véro Strumner, ça marche pour le concert. Pourtant en y repensant, Gigi, ça va bien avec les saltimbocca.
Chère Penglobe voyageuse, je suis ravie de te voir passer par ici malgré tout.
Christine, EVIV BULGROZ!
oh, génial ce livre! j'adorerais l'avoir :-)
et puis tout ce qui est toscan est chic ici!!!!
Salut Peggy, merci de ta visite. Ce livre est encore en vente, j’ai trouvé la référence en ligne. Ca fait plusieurs années que je l’utilise, il est simple, précis et extrèmement gourmand!
Vous qui passez par ici, allez donc faire un tour chez Peggy qui vient de nous ouvrir sa cuisine, je sens qu’on va se régaler par là-bas…
Enregistrer un commentaire