jeudi 2 novembre 2006

Ahusquy



Dans la vallée, il faisait beau et chaud. On est montés progressivement, de Garindein à Idaux-Mendy, puis Aussurucq. La route est de plus en plus sauvage, les paysages aussi. Plus haut encore, on rentre dans la forêt des Arbailles, et dans les nuages. La végétation est luisante d’humidité, la route est la seule trace de civilisation dans cette forêt ancienne. Ah non, il y a les vaches aussi, les belles vaches du pays Basque, tranquilles, au beau milieu de la route. Nous on est des étrangers, alors on attend qu’elles bougent, elles sont balaises ces vaches. Et puis il y a les cyclistes fous aussi, habillés en tour de France, qui montent obstinément vers le col.
Plus haut encore, au sortir de la forêt, ce sont les paturages. Perdus dans la brume on aperçoit ici et là des vaches, des moutons, des chevaux, en liberté dans la montagne. Et puis tout en haut, le col, et dans un trou de nuages, un vol de vautours, libres eux aussi. En haut, il fait froid, l’horizon a disparu dans la brume.
La grande salle de l’auberge d’Ahusquy est chaleureuse à souhait. Les longues tablées, la grande cheminée avec ses cuivres luisants, la rumeur sonore des conversations en basque, les odeurs alléchantes, tout nous invite à nous asseoir, et à rester, longtemps.
Et un repas prend longtemps au pays Basque. Dans cette auberge comme dans les autres, d’autant plus que celle-ci sert d’étape à des tablées de randonneurs affamés. Il y a d’abord le potage, on n’y coupe pas. Puis la truite (prononcer trrruite), l’anguille, ou la cassolette de gambas. Puis la tranche de gigot, le magret ou la pièce de boeuf, généreusement servis avec des haricots blancs et des beignets d’aubergines. Enfin les fromages et les desserts. Nous voilà lestés, prêts pour la sieste. Dehors, le nuage s’est déchiré, découvrant les pentes vertes et la forêt au dessous. On prendra l’autre route pour redescendre, celle par laquelle est monté le peloton du Tour de France – ils sont fous ces gars là!
Cassolettes de gambas (pour 4)
  • 16 gambas
  • 1 tomate
  • 1/2 poivron rouge
  • 1 belle gousse d'ail
  • 3 tranches de ventrèche *
  • 1 giclée de cognac
  • poivre, piment d'espelette
  • 30cl de crème fraiche
* la ventrèche est de la poitrine séchée basque, souvent parfumée de piment d'espelette. Si vous n'en trouvez pas, remplacez par une tranche épaisse de jambon de Bayonne. Préchauffer le four sur thermostat 6/180°. Faire revenir rapidement les gambas avec leur carapace dans 1 cs d'huile d'olive, jusqu'à ce qu'elles rosissent. Réserver. Couper le demi poivron et la tomate épépinée en petits cubes. Couper la ventrèche ou le jambon de Bayonne en fins lardons. Décortiquer les gambas et en disposer 4 par cassolette. Faire revenir rapidement la ventrèche, les dés de tomate et poivron et la gousse d'ail hachée dans l'huile qui a servi à faire revenir les gambas. Une fois un peu fondu, flamber au cognac (éteindre la hotte). Ajouter la crème, mélanger. Ajouter poivre et piment. Saler si besoin. Verser le mélange sur les gambas et enfourner pour une quinzaine de minutes. Attention, c'est une entrée sérieuse. Il faut avoir un peu marché dans la montagne pour avoir envie de confit de canard à la suite de ça. Mais c'est bon!
A la demande expresse de Maloud, lectrice de Porto, Portugal (vous vous rendez compte, j'ai une lectrice à Porto, je suis super fière!), je rajoute l'adresse de l'auberge: AUBERGE D'AHUSQUY AHUSQUY 64130 AUSSURUCQ Tel : 0559285727 Il vaut mieux réserver, surtout le weekend, il y a pas mal de groupes de randonneurs qui s'y arrêtent, et des gens du cru aussi. Autres infos utiles: les prix sont très raisonnables et le restaurant ne prend pas les cartes de crédit.

48 commentaires:

  1. alors là, je prends juste deux minutes pour te dire que primo ta recette est notée illico, deuxio ces photos de paysage comme enfumés, c'est superbe! je reviendrai au calme me délecter du voyage

    RépondreSupprimer
  2. J'adore ces paysages, ce brouillard ...
    Je veux bien y marcher 5 heures si ton plat m'attend pour me réconforter !

    RépondreSupprimer
  3. Une promenade qui fait rêver la parisienne que je suis et qui a travaillé toute la journée ... Quant au réconfort du plat ...

    RépondreSupprimer
  4. Tes photos me donnent le frisson... J'ai l'impression d'entendre le silence... Ca devait être bien bon, de se réchauffer les os avec cette petite cassolette!

    RépondreSupprimer
  5. Quelle jolie ballade, quelle joli récit, quelle jolies photos et quelle jolie recette !

    RépondreSupprimer
  6. Excuse moi mais je ne vais pas prendre beaucoup de temps pour t'écrire parce que je pars, là tout de suite, marcher marcher jusqu'à avoir faim ! je te laisse expliquer chez moi les raisons de ce départ à 23h32... et pourquoi ensuite je me suis sans doute endormi devant un poissonier à attendre son ouverture !

    RépondreSupprimer
  7. super paysage!! et surtout super recette!! elle me plais beaucoup! bises micheline

    RépondreSupprimer
  8. C'est si beau et ca donne tant envie d'y aller! Quelle belle ambiance que tu diffuses, la....

    RépondreSupprimer
  9. Je t'accompagnerais bien la prochaine fois...

    RépondreSupprimer
  10. Superbes photos! Magnifique! Je t'aurais bien accompagnée...

    Ta recette est très alléchante!

    RépondreSupprimer
  11. j'apprends à aimer les vaches ... leur sérénité (réelle ou feinte), leur puissance sourde et imposante, leur indifférence au monde qui les entoure (enfin ...) : en Inde aussi on les contourne, et on finit par oublier pourquoi ...
    Puis viennent ces instantannés d'une vie qui suit son cours, sa course plutôt, vers un ailleurs où on finit par arriver en se disant que c'était là qu'il fallait aller pour trouver sa place au milieu du tableau et "être" enfin ... avec tous ses sens, avec chacun de ses sens ... goûter, vivre, se reposer.

    RépondreSupprimer
  12. Une bonne recette après une belle randonée! Que demander de plus? Merci pour le voyage! :)

    RépondreSupprimer
  13. J'ai déjà pas mal de recettes en retard mais tant pis, celle-là je me la mets de côté quand même. Ça me donnera l'occasion d'utiliser mon piment d'espelette à juste titre (j'en mets toujours partout !).
    Par chez moi, il existe un bled qui s'appelle St Bonnet-Le-Froid (une promesse !). Quand tu grimpes la montagne, tu arrives au col et là, juste après le panneau "St Bonnet le froid", tu découvres la brume voire la neige, alors que 5 min avant, tu te promènais au soleil. Les chênes sont devenus des sapins et les vaches ont les poils longs !
    La dernièere fois je m'étais perdue et j'ai cru que j'étais passée dans un monde parallèle !
    Mais j'irais bien me perdre dans cette auberge...

    RépondreSupprimer
  14. Je te le dis presque à chaque fois, mais j'adore lire tes billets et celui-là me touche particulièrement.
    Le Pays-Basque c'est ma seconde Patrie (Née dans le sud de Bretagne, mais Basque de coeur....), j'y vais depuis que je suis toute petite, d'ailleurs j'ai de la famille là-bas.... Tu décris vraiment bien l'atmosphère du Pays Basque.

    Je me réchaufferais bien avec une cassolette de gambas....

    RépondreSupprimer
  15. Entre le naseau de vache en gros plan et le papi basque ombrageux saisi à la dérobée, vous avez pris de vrais risques photographiques. Montrez ça à l'agence Magnum et vous serez illico embauchée. Gracianne/Depardon même combat!

    RépondreSupprimer
  16. Quelle merveille! Texte et photos.
    La cassolette je la mangerai dans l'auberge. Chez-moi elle n'aura pas le même goût.

    RépondreSupprimer
  17. magnifique ces photos et alors là , la cassoulette de gambas quel regal !!

    RépondreSupprimer
  18. ça donne envie de partir en balade, histoire de se régaler après en toute bonne conscience !

    RépondreSupprimer
  19. Je ne connais pas le Pays basque, mais ce que tu m'en racontes me donne envie de le découvrir !
    La cassolette me tenterait bien, là, maintenant !
    Merci pour la belle rencontre d'hier, et l'excellent déjeuner;
    PS : je me suis ruinée chez Smith...mais j'aurai de la lecture. Bises
    Hélène

    RépondreSupprimer
  20. je ne connais hélàs pas encore le pays basque, mais ça viendra. Après l'axoa, la piperade version parisienne, voici venu le temps d'essayer cette cassolette qui m'a l'air terrible ! On voyage comme on peut :o)
    Merci Gracianne !

    RépondreSupprimer
  21. ça me fait plaisir encore une fois de te voir parler du pays basque! j'y vais d'ailleurs fin novembre... et pour ce qui est des repas qui prennent du temps, tu as tout à fait raison mais cela fait partie du voyage ;-)
    ciao ciaoooooooooo

    RépondreSupprimer
  22. Magnifiques photos... et la recette !!! Elle est tellement tentante que je l'ai faite hier soir et on s'en est léché les babines ;o)))
    Je sens que ça va devenir un classique lorsqu'on a des amis à l'improviste et qu'on veut les gâter. Merci !

    RépondreSupprimer
  23. Je reviens chez toi aujourd'hui. Les photos sont superbes, d'un autre temps. Une régio que je ne connais pas très bien. Et cette cassolette, trop bon. 1 givlée de cognac tu es sûr, pas plus.

    RépondreSupprimer
  24. Un charme fou... Vivement les prochaines vacances au Pays Basque!

    RépondreSupprimer
  25. Je sais l'air frais me piquer le nez puis la délicieuse odeur de cette cassolette qui chatouille mes papilles. Tu nous rends l'arrivée de l'hiver poétique... merci !

    RépondreSupprimer
  26. Merci Gracianne! Cet été, quand nous avons traversé le pays basque, j'ai rêvé du moment que tu décris là, à marcher, et s'arrêter dans une auberge au milieu de nulle part, dans les si belles montagnes basques, vertes comme le racontes, c'est trop bien, merci merci et remerci!
    Comme ça je l'ai un peu vécu.

    RépondreSupprimer
  27. je me suis laissée porter par les photos, merci beaucoup, elles sont très belles.

    RépondreSupprimer
  28. Encore une fois, je m'y suis crue! Tes photos sont superbes, Gracianne.

    PS: ah, tu connais Maloud...? C'est une femme formidable! :-)

    RépondreSupprimer
  29. MERCI pour cette promenade et me rafraichit...bonne journée

    RépondreSupprimer
  30. Bonjour,
    un article très beau, photos et recette
    invitantes..
    merci

    RépondreSupprimer
  31. Très beau billet, photos magnifiques, recette délicieuse, merci!

    RépondreSupprimer
  32. tes photos sont magnfiques! j'adore celle des cheveaux dans le brouillard!

    RépondreSupprimer
  33. Mais qu'est ce que je fais enfermée dans un bureau alors que j'aimerais tellement être là-bas.

    RépondreSupprimer
  34. tes photos sont superbes, merci de nous avoir fait partager tes vacances!

    RépondreSupprimer
  35. Magnifiques photos ma Gracianne !!!!
    Et la Recette !!!!
    Yooohhhhhhhhh.....
    Le Pays Basque, c'est vraiment un coin que j'aime bien !!!!!
    Bibizes
    Isabelle

    RépondreSupprimer
  36. Je ne connais pas. Il faut dire que c'est un peu loin. Mais, que tes photos sont jolies !

    RépondreSupprimer
  37. J'aurais aimé marcher , dans cette atmosphère embrumée. ... Ton texte, aussi, est un vrai réconfort.

    RépondreSupprimer
  38. Je suis revenue me replonger dans cette ambiance basque.
    Je suis toujours coincée au bureau mais rien ne m'empêche d'écouter des chants basques et de voyager à travers ces magnifiques photos.

    RépondreSupprimer
  39. Ça y est, c'est toi qui rentre chez moi avec la musique, ça fait du bien...

    RépondreSupprimer
  40. Ce que j'aime avec les blogs... avec certains en tout cas... c'est qu'ils sont vivants ! la dernière fois que je suis passé par ici je me suis laissé emporter dans les photos et dans le texte... et en repassant je vois un petit bouton de plus... pas grand chose à première vue et puis clic... et voilà que je repars dans un autre voyage où le bruit qui l'accompagne a changé et est devenu chants !
    C'est bien quand c'est... vivant !

    RépondreSupprimer
  41. On va pas se laisser abattre par une petite entrée...allez, envoie le confit et les cèpes ! Après on chantera...

    RépondreSupprimer
  42. C'est un peu loin pour le week-end, mais ça donne envie d'y aller!

    RépondreSupprimer
  43. Pas de randonneurs affamés juste des Mijoteurs qui ont su apprécier à sa juste valeur ce plat basque terre et mer et ses lichettes charentaises avec le Cognac.

    RépondreSupprimer
  44. Ah merci Dame Mijo, rien ne pouvait me faire plus plaisir. Je suis ravie que vous vous soyiez fait une petite randonnée gustative au Pays Basque. Le Cognac aide bien à digérere ce genre de chose.

    RépondreSupprimer
  45. Bonsoir Gracianne,
    Je viens de découvrir ton blog. Un seul mot: BRAVO.
    Je suis français et je vis en Espagne. Je suis marié à une Espagnole et elle adore que je lui fasse découvrir de nos recettes.
    Gracias à Internet, je trouvre, redécouvre des recettes et j'ai rencontré des recettes dans ton blog que je me dois de faire au plus vite. Super les commentaires comme entrée à tes recettes, c'est une excelente mise en bouche.
    Un abrazo.
    Alain

    RépondreSupprimer
  46. Merci Alain, ton commentaire me fait tres plaisir. Bonne cuisine bi-nationale alors, et a bientot.

    RépondreSupprimer